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20 août 2016 6 20 /08 /août /2016 07:55

 

Date de sortie 17 août 2016

 

Moka


Réalisé par Frédéric Mermoud


Avec Emmanuelle Devos, Nathalie Baye,

Diane Rouxel, Olivier Chantreau, Samuel Labarthe, Jean-Philippe Écoffey


Genre Drame


Production Française et Suisse

 

Synopsis

 

Munie de quelques affaires, d’un peu d’argent et d’une arme, Diane Kramer (Emmanuelle Devos) part à Evian.

Elle n’a qu’une obsession : retrouver le conducteur de la Mercedes couleur moka qui a renversé son fils et bouleversé sa vie. Mais le chemin de la vérité est plus sinueux qu’il n’y paraît. Diane devra se confronter à une autre femme, attachante et mystérieuse…

 

Moka - Emmanuelle Devos

Après un Master en philosophie (Université de Genève) et une école de cinéma (ECAL, Lausanne), Frédéric Mermoud réalise plusieurs courts‑métrages primés sur la scène internationale, dont L’escalier (Prix du cinéma suisse) et Rachel (nommé aux César).

En 2009, il signe un polar intimiste, Complices, présenté en compétition à Locarno.

Il réalise en 2012 les 4 derniers épisodes de la série désormais culte Les Revenants. (Saison 1, Episodes 5 à 8)

En 2015 Frédéric Mermoud réalise un nouveau court-métrage. À rebours.

 

Moka est son deuxième long-métrage.

 

Entretien avec Frédéric Mermoud relevé dans le dossier de presse.

 

Six ans se sont écoulés depuis la sortie de Complices, votre premier long-métrage. Comment est né le projet de Moka ?


Après mon premier film, j’ai travaillé sur la série Les Revenants, dont j’ai réalisé la moitié de la première saison. Mais depuis Complices, j’avais envie de retrouver Emmanuelle Devos qui occupe une place singulière et inspirante dans mon imaginaire. Je voulais vivre une nouvelle aventure de cinéma avec elle. Avec cette certitude qu’elle serait de tous les plans.

 

Quand j’ai découvert Moka, le roman de Tatiana de Rosnay, je me suis dit que je tenais la bonne histoire pour mener à bien ce projet.

 

Comment s’est passé le travail d’adaptation du roman de Tatiana de Rosnay ?


C’était une première pour moi, et c’est tout aussi complexe que d’écrire un scénario original. Dans le travail d’adaptation, j’ai conservé l’esprit et l’univers du roman, mais je me suis très vite concentré sur une petite partie du livre, comme s’il s’agissait d’une nouvelle. Le scénario s’est donc affranchi du livre, et Tatiana de Rosnay a été très respectueuse de ces libertés prises. J’ai aussi cherché à trouver un équilibre entre privilégier l’intime et explorer le genre car je voulais une sorte de déambulation avec un personnage et une actrice. Dans un premier temps j’ai travaillé seul, puis Antonin Martin-Hilbert m’a rejoint pour donner un peu d’oxygène au scénario.

 

Comment décririez-vous Diane, l’héroïne de cette histoire ?


Diane est un électron libre. On imagine d’abord qu’elle a eu, "avant", une vie équilibrée et raisonnable, mais on sent vite une part de folie en elle, une singularité. Sa vraie nature est plus complexe, elle est une femme indépendante dont l’énergie peut aller au-delà des conventions. C’est un vrai personnage de fiction dans le sens où, par cette quête, elle devient actrice de sa vie.

 

Diane mène l’enquête envers et contre tous. Pourquoi ?


En racontant cette histoire, je me suis rendu compte que Diane était plus transgressive que ce que je pensais. On accepte qu’un homme, révolté ou brisé, décide de se venger – c’est presque un lieu commun – mais quand c’est une femme, un sur-moi social juge cet élan. On a tendance à la désigner comme manipulatrice ou dérangée. D’ailleurs, on compte assez peu de films et de romans traitant de ce sujet.

 

Moka - Emmanuelle Devos.

C’est presque tabou, sans doute parce que ça nous rassure d’associer des qualités à des fonctions ; or une mère qui va, envers et contre tout, demander seule des comptes, c’est perçu comme un hiatus.

 

Est-ce uniquement la vengeance qui anime Diane ?


Au départ, Diane est convaincue que seule la vengeance pourra lui permettre d’accepter l’inacceptable. Mais peu à peu, elle se confronte à l’humanité et la complexité de cette femme qui aurait brisé sa vie, qui a aussi une vie, une fille, des rêves... Et Marlène finit même par l’émouvoir. Le désir de vengeance devient une étape dans le processus de compréhension et de deuil, un élan de survie qui permet aussi à Diane de découvrir des choses sur elle-même et sur son fils disparu. Alors, elle peut rester à flots, donner progressivement un sens à ce qui en est dépourvu et commencer son travail de deuil et de renaissance à la vie. Ce mouvement de Diane, qui va d’un désir de vengeance à une forme de réconciliation avec soi-même est la thématique qui articule Moka.

Cette recherche de la vérité qui semble animer Diane – et qui faisait déjà l’objet de votre premier film – est-elle une obsession personnelle ?


C’est vrai que la question de la vérité est centrale dans Complices comme dans plusieurs de mes courts-métrages. Cinématographiquement, lorsqu’un personnage cherche une vérité, il se retrouve souvent confronté à sa propre existence, à une part lumineuse ou sombre de sa personnalité. Ce va-et-vient me passionne en tant que réalisateur car il provoque de l’émotion et de la tension. Au-delà de ça, je me pose souvent la question de savoir ce qu’on fait de la vérité une fois qu’on l’a trouvée : faut-il la revendiquer ? Le mensonge n’est-il pas aussi nécessaire à la vie ? J’ai le sentiment que l’éthique se joue précisément quand on commence à se poser ces questions. Et le romanesque aussi…

 

On a le sentiment que Diane trouve sa force dans la solitude…


La quête de Diane passe par une certaine ascèse. Elle a besoin de s’émanciper en se libérant de ses liens professionnels ou familiaux. Et quand elle rencontre quelqu’un comme Vincent, auquel elle n’est pas insensible, elle essaye de désamorcer ce lien qui pourrait la détourner de sa mission. Se confronter à une action violente passe forcément par un dépouillement et donc une certaine solitude.

 

Quand avez-vous pensé que Nathalie Baye serait une "proie" parfaite ?


Nathalie Baye dans le rôle de Marlène s’est rapidement imposée comme une évidence. Je souhaitais que Moka soit basé sur la rencontre entre deux actrices et je voulais, face à Emmanuelle Devos, une présence aussi forte que la sienne. Il me fallait donc trouver une actrice à l’autorité naturelle, qui ait un vrai charisme et qui imprime l’esprit du spectateur. Et puis j’ai toujours aimé penser au casting en termes de contrastes : si Emmanuelle est lunaire, magnétique et forte, il y a chez Nathalie une pulsion de vie ; elle est très solaire. Nathalie est capable de rentrer dans la peau de personnages très différents, elle peut jouer une femme politique comme une coiffeuse avec une aisance assez déconcertante et je savais qu’elle serait crédible dans la peau d’une femme qui tient une parfumerie en province. Enfin, Emmanuelle et Nathalie n’avaient jamais joué ensemble. Et c’est toujours passionnant de faire se rencontrer deux actrices issues de deux familles de cinéma différentes.

 

Moka - Nathalie Baye et Emmanuelle Devos

 

Aviez-vous dès le départ une idée précise de la représentation de vos personnages ?


Quand Emmanuelle et moi nous sommes raconté l’histoire de Diane, nous l’avons vue comme un chasseur. De là est née l’idée de la vêtir d’une parka verte qui lui permettrait de se fondre dans le décor. Quant à Marlène, c’est Nathalie qui m’a tout de suite dit qu’elle la voyait en blonde. Un personnage est souvent caractérisé dès sa première apparition à l’écran. Il fallait trouver un équilibre entre une représentation très frontale de cette gérante de parfumerie sans pour autant tomber dans la caricature. Or, c’est le talent de Nathalie : jouer sur des codes qui pourraient être clichés mais qui sont, au fond, plus compliqués qu’ils en ont l’air.

Comment dirigez-vous vos acteurs ?


Je pars toujours du texte. Mais je me dis que, si je dois être le garant de l’histoire dans sa globalité, les acteurs, eux, connaissent mieux que moi leurs personnages. Comme ils ont un rapport "de l’intérieur" avec eux, je reste à l’écoute de ce qu’ils ont à m’en dire. C’est une sorte de dialogue entre ce que le comédien ressent du personnage et ce que j’imagine. Je n’ai pas une
direction d’acteurs qui se base sur la psychologie. Ce qui m’intéresse est presque cinétique, je veux savoir à quelle vitesse, avec quelle énergie et sur quel ton chaque acteur doit évoluer dans la scène.

 

Pourquoi avoir tourné à la frontière franco-suisse ?


Dans le livre, l’histoire se déroule entre Paris et Biarritz mais je trouvais intéressant de transposer cette confrontation entre deux femmes dans un décor mettant face à face deux villes de deux pays différents, Lausanne et Evian. Au milieu, le lac Léman apparait comme un cirque, une arène de western, à l’aspect très calme mais aux remous imprévisibles qui apportent de l’étrangeté et de l’inquiétude.

 

Comment avez-vous travaillé avec votre chef opératrice, Irina Lubtchansky ?


Au départ, je lui ai montré des photos de photographes américains comme Joel Sternfeld ou Gregory Crewdson. Le travail de Sternfeld m’a beaucoup impressionné, pour la densité chromatique de ses photos, son sens du cadre, et une dramaturgie à la fois calme et brutale. Je voulais une image douce, dense et contrastée, presque picturale. Irina a su traduire cet aspect à la fois calme et dense, elle a immédiatement saisi l’esprit du film.

 

Aviez-vous des films en tête en tournant Moka ?


Dès lors qu’on part sur un long-métrage qui tente de plonger dans l’âme humaine en s’approchant du film de genre, on pense à de grands auteurs comme Polanski ou Hitchcock, des cinéastes qui n’ont pas peur d’affirmer un univers stylisé peuplé de personnages plus complexes qu’ils n’en ont l’air. Keane, de Lodge Kerrigan, m’a aussi inspiré pour son énergie, alors même qu’il brosse le portrait d’un homme paumé mais si poignant.

 

Moka - Emmanuelle Devos.

Quand je me retrouvais avec Emmanuelle, qui a été de tous les plans pendant les 35 jours de tournage, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à des comédiennes comme Gena Rowlands ou Faye Dunaway.

 

 

Je lui ai d’ailleurs souvent dit que je voulais l’épuiser, traquer la moindre de ses pulsations et la filmer comme une actrice américaine. Et c’est fou comme Emmanuelle arrive à jouer chaque instant, même les plus ténus, avec une intensité rare.

 

Quelles intentions aviez-vous pour la musique ?


La question était de trouver un style musical qui pourrait se faufiler entre le genre, l’enquête et l’intensité de la protagoniste. Le style électro s’est imposé assez rapidement et, pour le thème de Diane, je voulais une musique duelle, à la fois répétitive et poignante. Deux musiciens ont travaillé sur le film : Christian Garcia et Grégoire Hetzel avec qui j’avais déjà travaillé sur Complices.

Moka - Emmanielle Devos

 

Entretien avec Emmanuelle Devos

 

Vous aviez tourné avec Frédéric Mermoud dans Complices son premier long-métrage.
Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?


Nous nous sommes tout de suite bien entendus Frédéric et moi. Le dialogue passe bien entre nous. J’aime son regard bienveillant, parfois innocent sur les choses, et sa façon de filmer des histoires assez dures sans que ce ne soit jamais sordide. Après Complices, nous nous étions promis de refaire un film ensemble ; c’est pourquoi il a adapté le livre de Tatiana de Rosnay pour moi. Du temps a passé entre ces deux films mais Moka est arrivé au bon moment car j’avais envie de jouer ce genre de rôle.


Justement, qu’est-ce qui vous a attirée dans ce projet ?


La forme qui mêle le portrait d’une femme et le récit d’une quête. C’est un thème classique au cinéma mais c’est toujours passionnant à jouer et cela amène à des situations très cinématographiques.

 

Frédéric affirme qu’avec cette histoire, il voulait vous "pousser à bout"…


L’histoire de cette femme est complexe et pour s’y plonger, il fallait y aller vraiment. Mais Frédéric ne m’a jamais poussée à bout, ce sont les situations qui l’ont fait. Incarner un personnage difficile n’est jamais éprouvant quand il y a de l’entente sur le plateau et que les informations circulent bien dans toute l’équipe artistique et technique. Et c’est plus facile d’être là tous les jours que de repartir dans sa vie et de revenir. Cela permet de rester concentrée et de ne jamais lâcher le fil de l’histoire. Je n’ai donc pas quitté ce tournage "fatiguée". J’ai plus souffert avant finalement…

 

En préparant le rôle ?


Oui. Le film commence lorsque Diane s’enfuit de l’hôpital mais Frédéric et moi avions imaginé une chronologie des semaines qui précèdent cet instant. Dans nos esprits, après le drame, Diane s’était séparée de son mari et était restée un mois et demi en clinique. J’ai donc décidé de tenir un journal pour me raconter ce moment-là, ce qu’il m’arrive de faire quand le personnage exige qu’on lui reconstitue un passé. Je l’ai rédigé avec beaucoup d’émotion. Ce n’est pas simple de s’imaginer dans la situation d’une femme qui a perdu son enfant. J’ai ressenti le vertige de la souffrance mais aussi compris que sa solution pour ne pas sombrer était dans l’action, elle devait prendre les choses en main. Dans ces conditions, on ne peut pas être dans le déni ou se contenter d’attendre que la police fasse son travail. Le but de cette quête n’est finalement pas tant de trouver des coupables mais d’agir. Une fois sur le plateau, être avec elle dans l’action était donc plus facile, voire plus léger.


Et comment avez-vous construit le rôle physiquement ?


Avant le tournage, on réfléchit à plein de détails de la personnalité ou du physique de son personnage. Je me suis dit qu’avant le drame, Diane devait sûrement être une femme très apprêtée. Je la voyais avec des cheveux plus longs, portant de jolies blouses et arborant un look appartenant à la bourgeoisie suisse. Mais dans sa fuite, elle emporte peu de vêtements, des choses pratiques et passe-partout pour ne pas attirer l’attention, elle porte des baskets qui ne font pas de bruit… Elle trouve sa force en étant seule : tout ce qui se place entre elle et sa quête l’empêche d’avancer.

 

Etes-vous une actrice cérébrale ou instinctive ?


Je suis les deux… mais pas en même temps ! Cérébrale avant de tourner et instinctive sur un plateau. Quand un cinéaste vous permet d’être vraiment dans votre rôle, des idées de votre personnage vous viennent spontanément. Frédéric a l’humilité et la grandeur d’âme de reconnaître que les acteurs en savent quelquefois plus que les réalisateurs car ils habitent leur personnage. Quand vous avez une telle complicité avec un metteur en scène, c’est formidable.


En quoi est-ce intéressant de retravailler avec les mêmes réalisateurs ?


L’intérêt est de les surprendre. Frédéric, par exemple, n’était pas le même sur Complices et sur Moka. Son comportement s’est adapté au film qu’il voulait faire et il m’a regardée autrement car j’étais dans un rôle différent. C’est en cela que l’on reconnaît un bon metteur en scène.


Comment s’est passée votre rencontre avec Nathalie Baye ?


Je la connaissais un peu dans la vie et je la savais curieuse et enthousiaste. Nathalie, c’est un puits de science, elle a son langage, des expressions étonnantes et elle est très drôle. C’est un bonheur de travailler avec elle car c’est la personne la plus facile que j’ai vue sur un plateau. Vous pouvez la mettre sous la neige, sous la pluie, sans manteau… Et puis elle a un rapport aux autres intelligent : elle est dans l’encouragement sans être dans la flagornerie. Reste sa filmographie : elle ne la ramène pas mais Nathalie a quand même tourné avec les plus grands. Et quand est arrivé le moment de jouer avec elle, m’est venu un trac que je n’avais pas anticipé ; je me suis dit : "quand même, cette femme a regardé François Truffaut" !

Moka - Nathalie Baye

 

Entretien avec Nathalie Baye.

 

Qu’est-ce qui vous a attirée dans ce projet ?


Frédéric Mermoud d’abord. J’ai aimé ses courts-métrages mais aussi son premier long, Complices, et lorsque je l’ai rencontré, il m’a tout de suite plu. Ensuite, l’idée de tourner avec Emmanuelle Devos me séduisait beaucoup. Et enfin, lepersonnage de Marlène que Frédéric me proposait de jouer m’amusait.


Comment définiriez-vous cette Marlène que vous incarnez ?


C’est une femme de province qui s’est fabriquée toute seule et a bossé comme une dingue pour s’offrir sa parfumerie. Mais c’est surtout une personne qui s’accroche à la vie. Sous ses airs de femme forte, elle est vulnérable parce qu’elle est amoureuse d’un homme plus jeune, un peu cavaleur, et qu’elle a peur de le perdre. J’aime bien ce genre de femmes, courageuses, à la fois solides et fragiles, elles sont toujours émouvantes.


L’avez-vous imaginée physiquement dès la lecture du scénario ?


Quand un personnage m’inspire, j’ai très vite un flash. Il ne s’agit parfois que de détails, dans la sophistication ou la simplicité mais c’est ce flash qui déclenche tout. J’ai souvent croisé, à Paris ou en province, des femmes de ce genre. Marlène, je l’ai tout de suite vue blonde, un peu pépète. Elle est commerçante – dans une parfumerie, qui plus est –, elle ne peut pas se laisser aller. Il faut qu’elle soit nickel, avec les ongles faits, les cheveux coiffés, le maquillage impeccable, qu’elle ait la ligne et se maintienne bien.

 

Etes-vous une actrice cérébrale ou instinctive ?


Je me considère plus comme instinctive, ce qui n’exclut pas la réflexion, bien sûr. Je relis d’ailleurs indéfiniment le scénario. Plus j’avance dans le tournage, plus je le relis et plus je découvre des choses. Cela ne concerne pas toujours mes scènes. À travers le dialogue d’un autre personnage, je peux entrer dans l’univers du film et dans mon personnage.


Qu’aimez-vous dans l’univers de Frédéric Mermoud ?


Il a un petit côté décalé propre aux Suisses, quelque chose d’assez distrait qui donne parfois l’impression qu’il a la tête dans les étoiles. Je trouve cela amusant et séduisant. Et Frédéric a beau savoir où il veut aller, il a l’intelligence de faire confiance et d’écouter avec bienveillance les gens avec qui il travaille.

 

Comment s’est passée votre rencontre avec Emmanuelle Devos ?


C’est une actrice que je suis depuis longtemps. Elle m’a toujours intéressée, toujours plu, elle est dotée d’une vraie personnalité. Par ailleurs, Emmanuelle a cette qualité qu’ont les plus grandes actrices : elle peut être très belle ou quelconque. Elle a une présence absente : elle peut être à la fois avec vous et un peu ailleurs. C’est très attachant. Sur un plateau, elle a un rapport formidable avec l’équipe, elle est marrante, vivante et n’a aucune vanité mal placée. Avec Emmanuelle, pas besoin de faire des ronds de jambes et de prendre des gants pour dire les choses. Et dans le jeu, c’est une comédienne qui vous tient en éveil car elle est avec vous et donne beaucoup. Elle ne fait pas semblant et peut se montrer inattendue. Il y avait une telle simplicité et une telle évidence entre nous que l’on aurait pu penser que c’était notre septième film ensemble. J’espère que nous nous retrouverons au cinéma.

Mon opinion

 

Un sujet douloureux pour ce film dans lequel l'émotion n'effleure à aucun moment.

 

La tension ne trouve aucun relief dans l'écriture d'un scénario qui s'essouffle très vite. La haine d'une femme dévastée par le deuil le plus insupportable, se heurte devant la destinée d'une autre, qui va se retrouver doublement trahie. Deux vies brisées et un duel qui laissera les principales protagonistes dévastées, sans, qu'à aucun moment, la violence verbale ou physique n'éclaboussent le récit.

 

La mise en scène reste très conventionnelle, voire trop appliquée.

 

Emmanuelle Devos et de Nathalie Baye, deux grandes comédiennes, sont réunies pour la première fois dans un long-métrage. Leur talent respectif permet de capter l'attention.

 

14 août 2016 7 14 /08 /août /2016 21:04

 

Date de sortie 10 août 2016

 

L'économie du couple


Réalisé par Joachim Lafosse


Avec Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Marthe Keller,

Jade Soentjens, Margaux Soentjens, Catherine Salée,


Genre Drame


Production Belge et Française

 

Synopsis

 

Après 15 ans de vie commune, Marie (Bérénice Béjo) et Boris (Cédric Kahn) se séparent. Or, c'est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c'est lui qui l'a entièrement rénovée.

 

À présent, ils sont obligés d'y cohabiter, Boris n'ayant pas les moyens de se reloger. A l'heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu'il juge avoir apporté.

 

L'économie du couple - Cédric Kahn et Bérénice Bejo

 

Cédric Kahn et Bérénice Bejo

Entretien avec Joachim Lafosse relevé dans le dossier de presse.

 

D’où est née l’idée du film ? Comment l’avez-vous écrit ?


L’idée est venue d’une rencontre avec Mazarine Pingeot et d’une envie de filmer le couple. Nous avions tous les deux le désir de montrer les émotions, très fortes, qui sous-tendent les conflits conjugaux et dont l’argent est très souvent le symptôme. Mazarine a l’habitude d’écrire en binôme avec une autre scénariste, Fanny Burdino. Je travaillais de mon côté avec Thomas van Zuylen. Elles faisaient une version et nous l’envoyaient. Nous la retravaillions et la leur renvoyions. Et ainsi jusqu’à la préparation du film. À partir de là, je n’ai plus travaillé qu’avec Thomas et les comédiens. En ce qui me concerne, l’écriture n’est vraiment terminée qu’une fois le film tourné. Pour être juste, il faut chercher et essayer en permanence ; et, surtout, réussir à se débarrasser des idées pour permettre l’incarnation. L’écriture doit aussi appartenir aux acteurs pour qu’ils puissent s’emparer du jeu avec justesse et le film ne serait pas ce qu’il est sans leur apport.

 

L’argent est-il le symptôme ou la cause de leurs conflits ? Boris, issu d’un milieu moins favorisé, n’a pas d’argent. Marie en a.


Dans un couple, l’argent représente ce sur quoi on peut se disputer : il n’en est pas la cause. Ce n’est pas à cause de lui que Boris et Marie n’arrivent plus à s’aimer. Derrière le sujet de discorde qu’il représente, il y a la manière dont l’un est reconnu ou ne l’est pas, celle dont il a envie que l’on reconnaisse ce qu’il a fait ou ce qu’il n’a pas fait.

 

L'économie du couple - Cédric Kahn et Bérénice BejoIl n’y a pas d’effort uniquement économique ou financier. Boris et Marie ne parviennent pas à s’entendre sur la manière dont ils auraient à reconnaître ce qu’ils se sont apportés l’un l’autre parce qu’ils n’ont pas eu la lucidité d’aborder concrètement et dès le début l’investissement de chacun dans leur couple.

 

Les bons comptes font aussi les grandes histoires d’amour.

 

Pas de lecture politique, donc, derrière ce titre – L'économie du coupe  ?


C’est une lecture possible. Un metteur en scène est là pour rendre son film le plus multiple possible, avec le plus d’identifications possibles. Mais je n’ai pas voulu le prendre sous cet angle là. Je suis parti de l’idée simple qu’a priori, quand on a des enfants avec quelqu’un, ce n’est jamais parce qu’on a imaginé que ça n’allait pas durer. Ce qui oblige à constater qu’il y a toujours une émotion à observer la tristesse de la séparation… de ce qu’on n’avait pas imaginé.

 

La situation de ce couple est d’autant plus douloureuse que, Boris n’ayant pas les moyens de se reloger, le couple est obligé de continuer à cohabiter ensemble.


Il était impossible de ne pas tenir compte de cette réalité économique : le coût des loyers dans les grandes villes est devenu tel qu’énormément de gens mettent du temps à se séparer parce qu’ils ne parviennent pas à se reloger chacun de leur côté. Autrefois, on restait ensemble pour des raisons morales ; aujourd’hui, on le fait pour des raisons financières. Cela dit quelque chose sur notre époque…

Pourquoi avoir souhaité opposer un couple d’adultes à des jumelles ?


Il y a des années que je voulais mettre en scène un couple qui se sépare face à un couple d’enfants jumeaux : dès leur naissance, et malgré le fantasme que l’on peut avoir lorsqu’on est amoureux de parvenir à former un couple gémellaire, leurs parents se trouvent confrontés à ce qu’ils ne seront jamais. Moi-même jumeau et demi-frère de jumeaux, j’ai vécu cela à travers ce que nous ont raconté mon père et ma mère, puis mon père seul lorsqu’il a refait des jumeaux avec une femme qui était elle-même une jumelle. C’est notamment ce que j’espère avoir filmé à travers la scène de la danse lorsqu’ils sont tous les quatre.

 

On sent les deux petites filles très perturbées par la situation. En même temps, elles se montrent plutôt compréhensives vis-à-vis des règles très strictes imposées par Marie à Boris, comme vis-à-vis des transgressions du père : "C’est pas son jour", dit Jade à Margaux pour expliquer le malaise qui suit la présence de Boris dans la maison un mercredi après-midi.


L'économie du couple.

En effet, Marie semble fixer les règles. Toutes les règles. Or, Boris, en n’en fixant aucune, n’impose-t-il pas aussi d’une autre façon sa propre règle ? Aucun d’eux ne parvient à créer un terrain de jeu commun. Il y a un côté infantile dans leurs querelles.

 

 

Winnicott dit : "La catastrophe a toujours eu lieu avant" : c’est intéressant d’observer les adultes en fonction des enfants qu’ils ont été et des disputes de récréations qu’ils ont eues. Mais je veux éviter de parler de l’un ou de l’autre. C’est aux spectateurs de prendre parti - ou non d’ailleurs… Le film permet cela.

 

La mère de Marie, qu’interprète Marthe Keller, milite, quant à elle, pour une réconciliation du couple.


Elle est dans la logique de sa génération. Elle prône une forme de compromission qu’est l’amitié en amour. J’ai envie de penser que l’amour est différent : on vit avec quelqu’un parce qu’on le désire. Or, le désir est, par définition, la chose la plus complexe, la plus risquée et la plus inconfortable qui soit. Le personnage joué par Bérénice Béjo envisage qu’il soit possible de vivre autrement que ses parents. C’est une femme qui s’émancipe.

 

Revenons aux enfants. Durant la scène de la danse puis du coucher, on sent qu’elles ont un immense plaisir à pouvoir dire "Papa, Maman" en même temps.


J’ai été un enfant du divorce mais je suis en même temps un père du divorce. C’est un atout pour envisager le possible et c’est aussi un inconvénient parce qu’on ne peut pas ne pas voir la tristesse que cette situation représente. Une séparation est toujours un échec. Mais le film laisse entrevoir qu’il y a du possible.

 

Malgré les conflits du couple, il circule en effet énormément de sentiments entre les deux personnages.


Oui, ce n’est pas un film tragique. Le tragique a peut-être longtemps été pour moi une manière de me défendre face à l’existence et je suis heureux de dévoiler cette tendresse qui anime les personnages ; ils se déchirent et, malgré tout, ils ont encore des choses à faire ensemble. Si le spectateur en arrive à se demander comment il est possible de dénouer ce type de situation avec l’envie de prendre soin de l’autre, j’aurai atteint mon but.

 

L'économie du couple

Parlez-nous du choix des comédiens.


Le casting est toujours un moment compliqué : je passe par beaucoup de doutes et peux souvent faire marche arrière ; il n’est vraiment terminé que lorsque les acteurs sont sur le plateau et que l’on tourne le film. Une fois là, je n’ai jamais regretté mes choix. Est-ce parce qu’elle a un père et un mari réalisateur ? Bérénice Béjo est une complice incroyable : elle est vraiment avec l’auteur. C’est une grande actrice - touchante, très impressionnante. Bérénice n’est pas une star et c’est pour ça qu’elle est aussi juste dans le film ; elle est "dans la vie".

 

Cédric Kahn a apporté toute sa finesse et son intelligence au personnage de Boris - pas seulement grâce à son jeu, mais aussi grâce à sa réflexion sur ce couple. Nous n’étions pas toujours d’accord, nous avons parfois lutté, mais cette lutte a porté le film. Comme je l’ai souligné, j’écris toujours mes films avec mes acteurs.

 

De quelle manière cela se traduit-il sur un plateau ?


Je vois le metteur en scène comme une éponge : il n’est pas là pour que les personnages lui ressemblent mais pour rendre le film le plus complexe possible. Pour aller vers cette complexité et la faire vivre, mon travail est d’entendre les gens, de reconnaître leurs points de vue différents sur une histoire et de les pousser à être les plus proches d’eux-mêmes, les plus subjectifs. Ensuite, la balle est dans mon camp et je dois essayer de faire ma cuisine avec ça. Dans L’économie du couple, j’ai construit et déconstruit de nombreuses scènes pour finalement parvenir à un résultat très proche de ce que j’avais imaginé mais peut-être avec un ton plus juste : sur le plateau, je faisais part de mes doutes aux acteurs. Je n’hésitais pas à leur dire que je cherchais et je leur demandais de me faire des propositions. C’était assez compliqué pour eux puisque, dans un premier temps, je leur faisais croire qu’ils étaient libres et que, dans un second, ils comprenaient que je ne leur laisserais pas la responsabilité du choix. C’est très frustrant ; il leur a fallu beaucoup de générosité pour accepter cela. J’espère qu’ils savent et qu’ils sentent tout ce qu’ils ont apporté au film. On n’est jamais fertile tout seul…

 

Aviez-vous demandé aux acteurs de visionner des films en particulier ?


Un seul – Qui a peur de Virginia Woolf ?, de Mike Nichols. Je leur ai dit : "Nous sommes dans un lieu unique qui nous oblige à trouver le cinéma. Mon rêve serait que vous soyez aussi libres que ce que Mike Nichols a réussi à faire avec Elizabeth Taylor et Richard Burton". Ce film est pour moi une référence magnifique.

 

Comment avez-vous trouvé Jade et Margaux, les deux petites filles ?


Ma directrice de casting avait vu une cinquantaine d’enfants, dont l’une des jumelles. Quand je l’ai vue arriver, j’ai aussitôt demandé à sa mère si sa soeur voudrait jouer aussi. Je ne leur ai pas fait passer d’essais. Pour moi, il était évident que des jumelles seraient formidables, qu’elles allaient d’abord jouer ensemble puis avec Bérénice et Cédric. Il s’est avéré qu’elles avaient l’une et l’autre un énorme talent. Il m’est arrivé d’enchaîner quarante ou cinquante prises avec elles. Elles ont suivi : de vraies petites pros.

 

La maison constitue vraiment un personnage à part entière …


C’est un outil dramatique formidable : elle est l’incarnation de ce que ce couple a eu envie de construire ensemble et de l’investissement de chacun ; la preuve tangible de ce qui a été désiré auparavant, mais qui ne l’est plus.

 

Une sorte de miroir…


Et c’était passionnant de pouvoir discuter avec Olivier Radot, le chef décorateur avec lequel j’avais déjà travaillé sur Les chevaliers blancs, de la manière dont un décor pouvait réussir à représenter l’amour qui se vit si difficilement dans le film. Qu’est-ce qu’une maison dans laquelle on a vécu heureux ? Selon moi, elle doit symboliser l’altérité. Ce n’est pas un lieu où l’on achète tous les objets ensemble, mais, au contraire un espace où chacun peut y amener ce qui compte pour lui en réussissant à faire coexister ces objets. J’espère que le décor raconte cela. La maison s’est imposée, exactement comme un acteur s’impose dans un film. Il était important qu’elle ait une cour. Nous filmions un huis clos, il fallait un peu d’air.

 

Dans cet espace clos qu’est la maison, on sent une incroyable fluidité dans les mouvements de caméra…


Ce qui m’intéresse et que j’aime mettre en scène est le lien : pouvoir passer d’un personnage à l’autre sans brutalité. Le steadycam offre cette souplesse et je rêvais depuis longtemps de tourner tout un film avec cet outil. Mais il demande une maîtrise qui autorise peu de personnes à l’utiliser. Il se trouve que Jean-François Hensgens, mon chef opérateur qui est aussi mon cadreur, m’a parlé d’un nouvel appareil, le Stab-One, plus rapide d’utilisation et permettant plus de mouvement dans des configurations de plateaux exiguës. Il l’avait utilisé sur son film précédent, m’en a montré quelques séquences qui m’ont épaté, et nous avons décidé de tourner entièrement L'économie du couple avec ce nouvel appareil.
Iñárritu l’a d’ailleurs employé pour ses deux derniers films, Birdman et The Revenant, en se servant de courtes focales. Nous n’avons en ce qui nous concerne utilisé que des longues focales. Cela nous autorisait à tourner des plans-séquences d’une manière fluide et permettait surtout de rendre au mieux le lien qu’entretiennent tous ces personnages. Formellement, ce film m’a donné énormément de plaisir.

Après Les chevaliers blancs, et avec ce film, vous revenez à un registre intimiste…


Le couple est sans doute la grande affaire de ma vie. J’ai toujours été deux. Comme tout jumeau, j’ai dû sortir de la fusion gémellaire, ce qui n’empêche pas que, devenu adulte, je reforme un couple avec la femme que j’aime. À quarante ans, c’est important pour moi de ne plus cacher l’importance que cela représente à mes yeux, de dire la possibilité du couple. Je mets cela en scène à travers une histoire triste mais cette histoire dit aussi combien le couple est une émotion, un lieu où il y a de l’affection possible.
Enfant, mon père, photographe, me disait : 'Un photographe est quelqu’un qui partage son regard avec les autres et qui assume la particularité de son regard". Avec ce film, j’ai vécu le plaisir d’avoir des acteurs qui m’ont laissé les regarder et qui m’ont permis, grâce à leur travail, de montrer au public une part de ce regard que je me connaissais mais que je ne parvenais pas à dévoiler.

 

L'économie du couple

Mon opinion

 

Des jumelles, sont les témoins de multiples brouilles parentales qui prennent racines dans un intérêt financier. L'apport de l'une, le travail manuel fait avec "amour" par l'autre, seront les deux pôles qui attiseront l'entêtement de la femme face à l'amour-propre de son mari.

 

Le scénario, coécrit par le réalisateur avec Thomas van Zuylen, vient d'une envie de Mazarine Pingeot d'écrire sur la vie d'un couple avec une autre scénariste, Fanny Burdino. Deux êtres, dont on ne connaîtra, rien ou pas grand chose, de leur passé. L'intérêt du film est ailleurs.

 

Entre cuisine, salle de bains, chambres ou salon, l'ensemble d'un appartement bourgeois sera le cadre étouffant, de la quasi durée du film. Un élément essentiel aussi. Dans un décor, qui ne manque pas de raffinement, les bouquets de fleurs n'apporteront aucune sérénité. Seule une ouverture sur une belle cour fleurie apportera un souffle extérieur bienvenu. Un lieu dans lequel un dîner entre amis, finira par plomber davantage encore, une ambiance déjà lourde et étouffante.

 

Dans le cadre exigu de cet appartement, la mise en scène fait preuve d'une grande virtuosité.

 

À retenir le casting de choix dans lequel on retrouve avec plaisir la toujours excellente Marthe Keller. Bérénice Bejo, à la fois exaspérante dans son entêtement, colérique, ou d'une profonde tristesse est particulièrement convaincante. Cédric Kahn dans le rôle du mari est fascinant, désarmant quand il endosse celui du père.

 

Une voix-off viendra ponctuer la fin du film en laissant deux visages ravagés par la tristesse. Joachim Lafosse a déclaré : "Avec ce film, j’ai vécu le plaisir d’avoir des acteurs qui m’ont laissé les regarder et qui m’ont permis, grâce à leur travail, de montrer au public une part de ce regard que je me connaissais mais que je ne parvenais pas à dévoiler."

 

Particulièrement bien vu et réussi.

4 août 2016 4 04 /08 /août /2016 19:50

 

Date de sortie 20 juillet 2016

 

Elvis & Nixon


Réalisé par Liza Johnson


Avec Michael Shannon, Kevin Spacey,

Alex Pettyfer, Johnny Knoxville, Colin Hanks, Tate Donovan, Evan Peters

 

Genre Comédie


Production Américaine

 

La rencontre improbable et méconnue

entre Elvis Presley, la plus grande star de l’époque,

et le Président Nixon l’homme le plus puissant du monde.

Deux  monuments que tout oppose.

 

Synopsis

 

En 1970, Elvis Presley (Michael Shannon) se rend à Washington dans le but de convaincre le président Nixon (Kevin Spacey) de le nommer agent fédéral.

 

Se présentant à l'improviste à la Maison Blanche, la rock-star réussit à faire remettre une lettre en mains propres au président pour solliciter un rendez-vous secret. Conseillers de Nixon, Egil Krogh (Colin Hanks) et Dwight Chapin (Evan Peters) expliquent à leur patron qu'une rencontre avec Elvis au cours d'une année électorale peut améliorer son image.

Mais Nixon n'est pas d'humeur à donner satisfaction à l'artiste.
C'est sans compter sur la détermination d'Elvis ! Il propose un "contrat" à Krogh et Chapin : il signera un autographe pour la fille de Nixon en échange d'un tête-à-tête avec le président.

À la très grande surprise de Nixon et de ses conseillers, l'homme politique et le chanteur se découvrent des affinités. À commencer par leur mépris affiché pour la contreculture …

 

Elvis & Nixon - Kevin Spacey & Michael Shannon

 

Kevin Spacey et Michael Shannon

Le king du Rock, Elvis Presley, accusé de pervertir la société avec sa musique endiablée, serait-il resté un conservateur dans l’âme ? Il semble que oui puisqu’en 1970, il écrivait au Président Nixon pour lui demander d’être nommé « agent fédéral » afin de lutter contre la drogue et les communistes… L’entrevue a lieu le 21 décembre 1970 : le chanteur obtient son badge de la police américaine anti-drogue.

 

Déjà souffrant l’époque, le King décèdera tragiquement sept ans plus tard, le 16 août 1977, des suites d’abus de substances diverses.

 

Une lettre insolite et surprenante du rocker immortel.

 

21 Décembre 1970

Cher Monsieur le président,

 

Tout d’abord, je souhaiterais me présenter. Je suis Elvis Presley, je vous admire et j’ai beaucoup de respect pour votre travail.

J’ai parlé au Vice-Président à nouveau, à Palm Springs il y a 3 semaines et je lui ai exprimé mon inquiétude pour mon pays. La culture de la drogue, les éléments Hippies, les SDS [Students for a Democratic Society : un mouvement étudiant de gauche dans les années 60] les Black Panthers, etc. ne me considèrent pas comme leur ennemi ni comme un membre de ce qu’ils nomment l’Establishment. Moi, j’appelle ça l’Amérique et je l’aime ainsi.

 

Elvis & Nixon

Monsieur, je peux et je pourrais être utile à mon pays afin de l’aider à s’en sortir. Je n’ai aucune inquiétude ou motivation particulières si ce n’est le fait d’aider mon pays à aller mieux. Ainsi, je ne souhaite pas recevoir de titre ou être nommé à un poste précis. Je peux et je serais plus utile si j’étais nommé Agent Fédéral au sens large du terme, et j’aiderai  à ma façon grâce à ma popularité avec des populations de tout âge.

 

 

Je suis avant tout un artiste mais j’ai besoin des autorisations fédérales. J’ai pris l’avion avec le Sénateur George Murphy et nous avons discuté des problèmes auxquels notre pays fait face. Monsieur, je séjournerai au Washington Hotel, Chambre 505-506-507, j’ai deux hommes qui travaillent pour moi, Jerry Schilling et Sonny West. Je me suis enregistré sous le nom de Jon Burrows. Je resterai aussi longtemps que nécessaire afin d’obtenir le statut d’agent fédéral. J’ai fait une étude approfondie sur la toxicomanie et sur les techniques de lavage de cerveau employées par les communistes et je suis au milieu de tout ça, soit là où je pourrais être le plus efficace. Je suis ravi d’aider tant que cela reste une affaire très privée. Vous pouvez demander à votre équipe ou à la personne de votre choix de m’appeler aujourd’hui, ce soir ou demain. Je vais être désigné cette année comme l’un des Dix Jeunes Hommes les plus Exceptionnels des Etats-Unis, ce sera fait le 18 Janvier dans ma ville natale à Memphis dans le Tennessee. Je vous envoie une courte autobiographie à mon propos pour que vous compreniez mieux ma démarche. J’aimerais vous rencontrer juste pour vous saluer si vous n’êtes pas trop occupé.

Respectueusement,

 

Elvis Presley

 

PS : Je suis convaincu Monsieur, que vous faites également partie des 10 hommes les plus remarquables d’Amérique.

J’ai aussi un cadeau personnel que je souhaiterais vous offrir,  vous pouvez l’accepter ou bien je le conserverai jusqu’à ce que vous puissiez le prendre.

 

Sources : www.deslettres.fr


 

Propos recueillis par Phalène de La Valette relvés www.lepoint.fr

 

Jerry Schilling était là lors de la rencontre du président et du chanteur. Il nous livre les dessous de ce rendez-vous aujourd'hui mis en scène au cinéma.

 

Jerry Schilling et Elvis Presley"Pendant tout un week-end, j'ai été le seul au monde à savoir où était Elvis Presley et ce qu'il voulait faire." Jerry Schilling a 74 ans, mais il se souvient encore comme de la veille de ce coup de fil de son ami Elvis. Nous sommes en 1970 et le chanteur lui demande de l'accompagner à Washington pour une "mission secrète". Il apprendra plus tard qu'il s'agit d'obtenir un badge du FBI !

 

 

Jerry Schilling et Elvis Preley

 

L'aventure est folle, délicieuse, et donne aujourd'hui lieu à une comédie décapante, Elvis & Nixon.

 

Depuis sa résidence californienne, le meilleur ami du King a accepté de nous confier ses souvenirs.

 

Jusqu'à quel point êtes-vous impliqué dans la production du film Elvis & Nixon ?


Quand on m'a contacté, il y a environ cinq ans, j'ai refusé. Je n'ai jamais considéré cette histoire comme une comédie, je sais à quel point ce rendez-vous était cher à Elvis et je ne voulais pas qu'on lui manque de respect. J'ai intégré et quitté le projet plusieurs fois au cours des années avant de m'engager vraiment. Si je l'ai fait, finalement, c'est parce que je pense que j'ai une responsabilité envers l'héritage intellectuel de mon ami. J'ai rencontré la réalisatrice, parlé avec les producteurs et avec les acteurs, fantastiques. Ils m'ont vraiment beaucoup écouté. J'étais sur le tournage tous les jours à La Nouvelle-Orléans en tant que producteur exécutif. Ils ont fait une comédie, oui, mais une bonne comédie avec un super casting et une réalisatrice intelligente. Ils ont davantage montré les qualités humaines d'Elvis, qui il était. C'est une comédie dramatique en fait, il y a des scènes où le personnage d'Elvis se livre vraiment sur ce qu'il ressent, sur ce que la vie ou notre amitié signifient pour lui. Je suis satisfait du résultat.

 

Quelle mouche a donc piqué Elvis pour qu'il se mette en tête de devenir agent secret et de rencontrer Richard Nixon ?


Je pense que l'intention d'Elvis au départ était simplement de rencontrer le directeur du Bureau des narcotiques et des drogues dangereuses (BNDD). Il avait son nom et voulait le rencontrer pour devenir un agent au service de son bureau. Il avait des badges et des références dans beaucoup d'endroits d'Amérique qui lui donnaient le droit de porter une arme dissimulée. On avait reçu quelques menaces de mort, donc il y avait une raison sérieuse à cela. Mais ces badges n'étaient pas reconnus outre-Atlantique. Or, Elvis avait l'intention de faire une tournée en Europe et voulait être en mesure de porter une arme à l'international, ce qu'une autorisation du BNDD lui aurait permis.

 

Comment avez-vous réagi en apprenant que votre ami voulait un rendez-vous avec le président ?


On avait pris un vol de nuit vers Washington DC. Dans l'avion, Elvis m'a demandé si j'avais du papier à lettres. J'ai demandé à l'hôtesse de l'air et obtenu du papier à en-tête American Airlines. Il a commencé à écrire, ce qui était très rare – il n'a écrit, je crois, que quatre lettres dans sa vie. Il m'a demandé de relire celle-ci. C'est là que je me suis rendu compte qu'il voulait essayer de rencontrer Nixon. Je me suis dit : waouh !


J'aurais pu faire pas mal de changements dans sa lettre mais ça venait du plus profond de son cœur. C'était la lettre d'un gamin sans le sou devenu célèbre qui écrivait, plein d'espoir et de bonne volonté, à son président. Je me suis dit que c'était assez beau et je l'ai laissé faire, même si je savais qu'il n'y avait aucune chance que ça marche. On ne peut pas déposer comme ça une lettre à la Maison-Blanche et obtenir un rendez-vous avec le président des États-Unis. Mais je ne voulais pas le blesser et le décourager.

 

Ça ne vous a pas semblé complètement fou ?


Je pense que les personnalités des mondes politiques, du sport et du divertissement s'admirent toutes mutuellement parce qu'elles sont toutes sur la scène publique. Ça ne semblait pas totalement déplacé que l'artiste le plus populaire au monde demande très poliment au président de le rencontrer. Si vous regardez la lettre de près, elle est très bien. Et elle a fonctionné !

 

Elvis & Nixon - Michael Shannon et Kevin Spacey

 

Michael Shannon et Kevin Spacey

 

La rencontre entre Elvis et Nixon telle que montrée dans le film est-elle vraiment fidèle à la réalité ?


On a été briefés par le staff de la Maison-Blanche avant le rendez-vous et j'ai beaucoup parlé avec Elvis après, donc je sais à peu près comment ça s'est déroulé et ce qu'ils se sont dit. Bien sûr, il y a une licence artistique. Il n'y a pas eu de démonstration de karaté en vrai, par exemple. Mais j'ai vu Elvis faire des démonstrations de karaté à des politiciens, donc je savais que ça correspondait au personnage. Ça n'est pas arrivé mais c'était fidèle à lui.

 

Même lorsqu'il critique les Beatles et "l'antiaméricanisme" de John Lennon ?


Je vous avoue que cette scène m'a posé problème. Disons qu'Elvis savait comment s'adresser à un président de droite conservateur comme Richard Nixon. Mais je tiens à préciser qu'il aimait les Beatles ! Voilà le compromis que j'ai fait avec la réalisatrice et les acteurs : il y a une réplique quand il sort du bureau ovale pour venir me chercher où il me dit : Jerry, j'ai dû critiquer les Beatles pour avoir le badge, mais ils ne le sauront jamais. J'ai fait ajouter cette réplique. C'était important pour moi que ce soit clair parce que Elvis n'a jamais été jaloux des autres artistes et je ne voudrais pas que les gens le croient.

 

Le choix de Michael Shannon pour jouer Elvis Presley est assez inattendu. Il ne lui ressemble pas le moins du monde...


Elvis & Nixon - Michael Shannon.

Je trouve que Michael a joué un Elvis très subtil, très profond. Il a pris au sérieux la comédie.

Beaucoup d'acteurs ont joué le Elvis extérieur, très peu ont joué le Elvis intérieur et Michael Shannon l'a fait mieux que quiconque. Il est sorti du cliché et a fait d'Elvis un personnage sensible, à la fois timide et sûr de lui.

 

 

Pensez-vous qu'Elvis aurait aimé le film ?


Vous savez, pour les autres, ce film était un projet ; pour moi, c'est ma vie et mes amis. J'ai produit beaucoup de documentaires sur Elvis et je dois penser à chaque fois : S'il était toujours là, est-ce que j'oserais m'asseoir avec lui pour le regarder et qu'en penserait-il ? Ce film a été un peu plus compliqué et je ne sais toujours pas ce que je répondrais à cette question. Il y a eu des moments où ça a été un vrai dilemme émotionnel de savoir si je devais rester ou partir. J'en suis même tombé malade !


J'ai passé plusieurs années de ma vie, non pas à défendre Elvis, mais à essayer de faire en sorte qu'il soit compris. Je ne voulais pas qu'il devienne une plaisanterie exagérée. Elvis n'était pas cela, il était brillant, complexe. Il était le rebelle ultime et pourtant il voulait être accepté par tout le monde : les undergrounds, les gens de gauche, de droite. Et il a même réussi à avoir son badge ! D'ailleurs, ce n'était pas un badge honorifique : environ tous les six mois, le FBI nous appelait pour vérifier qu'Elvis l'avait toujours.

 

Elvis & Nixon

 

Mon opinion

 

Ce film est une agréable surprise, une découverte aussi, ignorant totalement cette rencontre aussi improbable que délirante dans le propos.

 

La mise en scène est banale. La grande réussite vient, d'une part, d'un scénario bien écrit et, d'autre part de dialogues irrésistibles. Ironie à tous les niveaux, tant au niveau des situations que des principaux protagonistes. La mégalomanie de l'un, ajoutée à un protocole strict et millimétré qui entoure l'autre, font de cette rencontre dérisoire un pur moment de divertissement désopilant.

 

L'ensemble du casting est parfait. Les deux principaux protagonistes sont excellents. Michael Shannon ne ressemble en rien à Elvis Presley. Kevin Spacey n'a rien de Richard Nixon. Deux rôles de composition pour ces grands acteurs qui participent grandement à ce bon moment de cinéma.

2 août 2016 2 02 /08 /août /2016 13:03

 

 

Date de reprise le 3 août 2016

 

Version restaurée

 

All-that-Heaven-Allows---Affiche.jpg


Réalisé par Douglas Sirk


Avec Jane Wyman, Rock Hudson, Agnes Moorehead,

Conrad Nagel, Virginia Grey, Gloria Talbott,

William Reynolds II, Charles Drake


Genre Comédie dramatique


Titre original All that Heaven Allows

 

Production Américaine - 1955

 

Il aura fallu les éloges d’un Godard, Martin Scorsese ou d’un Fassbinder pour faire taire les esprits trop littéraires qui ne voyaient en Douglas Sirk que l’équivalent cinématographique des romans à l’eau de rose. Fassbinder avouera que son film Tous les autres s'appellent Ali était un remake du chef-d'oeuvre de Douglas Sirk.

 

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 Rock Hudson et Jane Wyman

 

Tout ce que le ciel permet fut un succès public et critique relatif, le qualifiant pour certaines de "film tout juste bon pour les femmes pleurnichardes". Le temps faisant heureusement son oeuvre, Tout ce que le ciel permet est aujourd'hui unanimement considéré comme l'un des plus beaux films du maître. Il fut d'ailleurs élu en 1995 pour rejoindre la prestigieuse collection de films dressées par la Bibliothèque du Congrès Américain.

 

Tout-ce-que-le-ciel-permet---Affiche-copie-1.jpgAujourd’hui l’époque des railleries est belle et bien révolue et le cinéaste est cité comme influence par tous les réalisateurs en vogue, de Pedro Almodovar à Quentin Tarantino en passant par François Ozon… Comme aimait à le rappeler Douglas Sirk, la distance entre le roman de gare et le grand Art est mince. All That Heaven Allows en est le plus bel exemple. L’intrigue est simple comme une chanson de Claude François : il est pauvre, elle est riche, il est jeune, elle est plus âgée, et malgré tout, ils s’aiment… Pourtant, loin de crouler sous la guimauve qu’impose un tel sujet, le spectateur se voit terrassé par cette histoire qui possède la force des grandes tragédies.

 

Douglas Sirk n'est pas ce cynique cultivé qui aborderait un matériau jugé impur avec la distance amusée de l'esthète. Il instrumentalise simplement les codes du mélodrame pour créer un langage cinématographique unique, prêt à rendre au plus près la vérité du cœur.

 

Selon Douglas Sirk : "Le succès américain provient du fait que le film est fondé sur une philosophie typiquement américaine, celle d'Emerson et de ces disciples où la nature tient une grande place… Le thème du retour à la nature a sans douté été inspiré par Rousseau. Son influence n'a gagné l'Amérique qu'assez tard parce qu'à l'époque où il écrivait les problèmes qu'il abordait ne se posaient pas encore aux américains qui n'avaient encore que des contrées sauvages et pas encore construit des villes. Ce désir de retour à une vie primitive et simple était à mon avis parfaitement incarné par cet homme qui s'occupait de faire pousser des arbres, vivait dans un jardin et méprisait l'argent et la haute bourgeoisie. Or ça c'est tout le rêve américain."

 

 

Tout-ce-que-le-ciel-permet---Affiche.jpgSynopsis

 

Veuve d'âge mûr, Carey Scott (Jane Wyman) mène une vie terne et sans histoire dans une petite localité de Nouvelle-Angleterre, se consacrant au bonheur de ses deux enfants Ned (William Reynolds II) et Kay (Gloria Talbott) qui viennent d'entrer à l'Université. Souhaitant qu'elle ne termine pas ses jours en solitaire, ses enfants et son amie et confidente, Sara Warren (Agnes Moorehead), la poussent dans les bras de Harvey (Conrad Nagel), quinquagénaire aisé auprès de qui elle trouverait la tendresse et la sécurité.

 

Carey rêve encore d'un grand amour. C'est dans cette disposition d'esprit qu'elle rencontre Ron Kirby (Rock Hudson), le séduisant pépiniériste, de quinze ans plus jeune qu'elle, engagé par ses soins pour s'occuper de son jardin. Ron Kirby ne tarde pas à partager sa passion et ils deviennent amants. Le jeune homme l'emmène dans sa demeure, un vieux moulin situé au milieu des bois où il vit loin du monde, des préjugés et des conventions.

 

 

La liaison de Carey est rejetée par son entourage : non seulement à cause de leur différence d'âge mais aussi parce que Ron Kirby est d'un niveau social bien inférieur. Pour ne pas déplaire à ses enfants, Carey rompt avec Ron et recommence à fréquenter Harvey. Peu après, Kay se marie et Ned, mobilisé, part pour l'étranger. Souffrant de la solitude, Carey apprend que Ron a été victime d'un grave accident.

 

Tout-ce-que-le-ciel-permet-copie-1.jpg

 

Découvrant que son sacrifice n'a pas empêché l'ingratitude de ses enfants, elle part le soigner et, à sa guérison, décide de braver l'hypocrisie qui l'entoure en l'épousant.

 

Douglas Sirk démontre que l'ironie et l'émotion peuvent aller de pair dans la scène extraordinaire où arrive sur une table à roulettes le cadeau du fils à sa mère, un poste de télévision, ainsi commenté par le vendeur : "Tout ce que vous avez à faire, c'est de tourner le bouton et vous aurez toute la compagnie que vous pouvez désirer, là sur l'écran : le drame, la comédie, la parade de la vie sont à la pointe de vos doigts".

 

Tout ce que le ciel permet - Rock HudsonCe qui frappe, à la vision de All That Heaven Allows, c'est la fondamentale vérité du rôle tenue par Jane Wyman. Contrairement aux films hollywoodiens de l'époque, la femme n'est ici ni l'incarnation d'un modèle fantasmatique, car ce rôle revient à Rock Hudson, représentation parfaite du beau mâle américain des fifties, ni un substitut d'homme mais comme une femme à part entière. Avec ses doutes, ses désirs, ses angoisses. La mise en scène de Douglas Sirk adopte entièrement ce point de vue féministe, et c'est cette brûlante passion, ce feu intérieur qui semble déborder sur l’image, irradiant chaque geste, chaque objet, chaque visage...

 

All That Heaven Allows c'est aussi cette lumière qui révèle tout, qui brûle les yeux, et décharne le mélodrame jusqu’à le laisser nu, dans ce plus simple et rutilant apparat. La superbe photo de Russell Metty, indissociable des plus grands films de Douglas Sirk, éclabousse l’écran de ses couleurs primaires et semble retrouver la pureté originelle du monde. Jamais la neige n’a semblé aussi immaculée au cinéma que dans All That Heaven Allows, ni les feuilles d’automne aussi dorées…

 

Tout-ce-que-le-ciel-permet---Rock-Hudson-et-Jane-Wyman-.jpg Rock Hudson et Jane Wyman

 

C'est à une véritable scénographie de l'intérieur que nous convie ici Douglas Sirk. Et si les décors de Russell A. Gausman et Julia Heron tiennent une grande importance dans All That Heaven Allows, le cinéaste n’en est pas pour autant un cinéaste décoratif. La grande idée du film est la suivante : comme suggère le jeune jardinier à Cary l'obstacle à leur amour ne vient peut être pas tant du monde extérieur que de Kary elle-même ! Si tous ses reflets dans les miroirs, signatures visuelles récurrentes dans le cinéma de Douglas Sirk, renvoient à Kary une image forgée par les conventions sociales, il lui faudra alors briser cette image afin de s'en libérer. Et c'est seulement à ce moment que le miracle final pourra enfin avoir lieu...

 

Tout ce que le ciel permet 1.Tout ce que le ciel permet-copie-2

 

Le cinéma de Douglas Sirk  s’embarrasse peu de psychologie, et les sentiments qui habitent et les uns et les autres sont immuables, figés tel une maladie incurable. Il faut alors se battre, briser les barrières sociales et morales afin de vivre pleinement, au plus près de son âme. Et ce retour aux sources, ce chemin vers le cœur ne peut s’accomplir que dans la révélation de la beauté du monde. Et de la nature…

 

Cette philosophie de l’écrivain américain Henry David Thoreau, et de son livre Walden, ou la vie dans les bois, une oeuvre que le père de Douglas Sirk lui aurait offert à l'âge de 14 ans, modifiant à jamais sa vision des choses.

 

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Jane Wyman et Virginia Grey

 

Certains, sans doute trop cyniques pour se laisser emporter dans ces maelström d’émotions, ont voulu voir dans les films de Douglas Sirk une forme d’ironie, allant même jusqu’à les qualifier de comédies ! Or ce qui frappe à la vision de All That Heaven Allows, c’est justement cette absence de condescendance vis-à-vis du genre abordé. Douglas Sirk ne subvertit pas le mélo, il le pousse dans ses derniers retranchements afin de le sublimer. Tout est ici exacerbé : l’amour que partagent les deux personnages est aussi simple que fulgurant, et la mesquinerie de ceux qui tentent d’empêcher cet amour semble relever d’un complot universel et machiavélique…

 

 

Les deux héros du film, Jane Wyman et Rock Hudson, n'en sont pas à leur première collaboration. En effet, les deux acteurs, un an auparavant, étaient déjà dirigés par Douglas Sirk dans la comédie dramatique Le Secret magnifique, gros succès en salle. Les studios Universal souhaitaient par conséquent le réitérer avec Tout ce que le ciel permet. Ils donnèrent ainsi à Douglas Sirk un budget confortable et une relative liberté. "On me permettait au moins de travailler sur les textes", explique Douglas Sirk. "Il fallait que je suive les règles, que j'évite les expérimentations, que je fasse des happy-end mais la Universal n'est jamais intervenue ni sur le travail à la caméra ni sur mon montage".

 

Tout-ce-que-le-ciel-permet---Rock-Hudson-et-Jane-Wyman.jpg

 

Si Jane Wyman fut enchantée de retravailler avec Rock Hudson, elle s'interrogeait en même temps sur sa carrière au cinéma : récemment divorcée de Ronald Reagan, elle estimait à ce moment là que son avenir d'actrice se jouerait plutôt dans les soap opera, à la télévision. Après Tout ce que le ciel permet, elle ne jouera plus que dans cinq films. En revanche, sa carrière à la TV fut florissante. Elle fut notamment l'une des égéries de la série culte Falcon Crest.

Quant à Rock Hudson, il était à l'époque du film l'une des idoles d'Hollywood. Mais parce qu'il menait une vie que beaucoup jugeaient scandaleuse, le studio Universal, anxieux de son comportement, le rappelait constamment à l'ordre tout en entretenant savamment la figure de l'acteur avec d'intenses campagnes de publicité.
     
Un an après Le Secret magnifique, Rock Hudson signe ici sa deuxième collaboration avec le réalisateur. Dirigé à de nombreuses reprises par le maître du mélodrame américain, Rock Hudson est, encore aujourd'hui, considéré comme l'un de ses acteurs fétiches.

  

Cours de cinéma Tout ce que le ciel permet ... par forum des images

 

Sources :

http://www.dvdclassik.com

http://www.cineclubdecaen.com

http://www.allocine.fr

http://www.imdb.fr

28 juillet 2016 4 28 /07 /juillet /2016 12:48

 

Date de sortie 27 juillet 2016

 

Genius


Réalisé par Michael Grandage


Avec Colin Firth, Jude Law, Nicole Kidman,

Guy Pearce, Dominic West, Laura Linney, Vanessa Kirby


Genres Biopic, Drame


Production Britannique et Américaine

 

Synopsis

 

Écrivain à la personnalité hors du commun, Thomas Wolfe (Jude Law) est révélé par le grand éditeur Maxwell Perkins (Colin Firth), qui a découvert F. Scott Fitzgerald (Guy Pearce) et Ernest Hemingway (Dominic West). Thomas Wolfe ne tarde pas à connaître la célébrité, séduisant les critiques grâce à son talent littéraire fulgurant.
Malgré leurs différences, l'auteur et son éditeur nouent une amitié profonde, complexe et tendre, qui marquera leur vie à jamais.

 

Genius - Colin Firth et Jude Law

 

 Colin Firth et Jude Law

La véritable histoire.

 

Maxwell Perkins.

Né à New York en 1884, William Maxwell Evarts Perkins a grandi à Plainfield, dans l’État du New Jersey. Il a étudié l’économie à Harvard, puis a travaillé comme journaliste pour le New York Times avant d’intégrer Charles Scribner’s Sons – prestigieuse maison d’édition qui existe encore aujourd’hui.

 


Marié à la dramaturge Louise Saunders, avec qui il a eu cinq filles, il était très attaché à sa famille. À l’époque où Perkins a été engagé chez Scribner’s, l’entreprise était déjà réputée, publiant les ouvrages majeurs d’auteurs comme Henry James et Edith Wharton. Mais Perkins avait à coeur de découvrir de jeunes écrivains dont le travail était en avance sur leur temps.
En 1919, Perkins convainc ses patrons de parier sur un jeune auteur du nom de F. Scott Fitzgerald. Lorsque Scribner’s publie L’envers du paradis en 1920, il préfigure l’émergence d’une nouvelle génération d’écrivains que Perkins n’a cessé de contribuer à faire connaître.
Au cours de son passage chez Scribner’s, il a ainsi accompagné la publication des oeuvres d’Ernest Hemingway, Marjorie Kinnan Rawlings, J.P. Marquand, Erskine Caldwell, James Jones, Marguerite Young et bien d’autres encore.
Mais sa relation la plus marquante est sans doute celle qui l’a lié à un auteur de 25 ans dont le premier ouvrage compte environ 1100 pages.
Thomas Clayton Wolfe est né à Asheville, en Caroline du Nord, en 1900. Écrivain prolixe, il faisait livrer ses manuscrits chez Scribner’s dans d’imposantes caisses. Ses phrases, qui couraient sur des pages entières, et son style mélodieux et profondément autobiographique ont aussitôt suscité l’intérêt de Perkins, même s’il était conscient qu’il allait devoir batailler pour que Wolfe se conforme aux exigences des publications de l’époque.
Les deux hommes ont noué une relation profonde, collaborant sur les deux premiers romans de Wolfe (qui en a écrit quatre au total), L’ange exilé : une histoire de la vie ensevelie et Le temps et le fleuve. Leurs rapports professionnels ont duré moins d’une décennie, mais ont continué à hanter les deux hommes jusqu’à leur mort. Malgré les protestations de Perkins, Wolfe a dédié « Le temps et le fleuve » à son éditeur. "Ce livre est dédié à Maxwell Evarts Perkins, a-t-il écrit en tête de l’ouvrage. Un homme honnête et courageux qui est resté aux côtés de l’auteur de ces pages dans les périodes de désespoir et d’amertume. L’auteur espère que ce livre s’avérera digne de lui."
C’était l’un des rares témoignages de reconnaissance du travail auquel Max Perkins avait consacré sa vie. "Quand on s’intéresse à Fitzgerald, Hemingway et Wolfe à leurs débuts, on se rend compte qu’ils se sont tous les trois heurtés à des refus", indique A. Scott Berg, qui a publié la biographie la plus complète, Max Perkins : Editor of Genius en 1978, et initié l’adaptation de cette histoire pour le grand écran. "Fitzgerald, en réalité, s’était heurté à trois refus chez Scribner’s avant que Max Perkins ne le repère. Hemingway était sur le point d’être lâché par son éditeur et Thomas Wolfe n’avait essuyé que des refus. Scribner’s n’était pas intéressé par son travail. Perkins a dû dire à chacun d’eux : "Même si vous devez trouver une autre maison d’édition pour être publié, je vais vous aider »."
Le choix du titre de Berg n’est pas un hasard. D’après son origine latine, "génie" se réfère au dieu tutélaire qui préside à la destinée d’un homme. "Perkins a littéralement incarné cette fonction pour ces écrivains, reprend-il. Qui était le génie des deux ? S’agissait-il d’un éditeur de génie ou publiaitil l’oeuvre de génies ?" Perkins n’était pas un simple relecteur correcteur comme ses contemporains. Il a transformé sa fonction, en allant audelà de la seule correction des fautes d’orthographe et de grammaire. "C’est le premier dans son domaine dont on peut saluer une contribution artistique de grande importance, affirme Berg. Par ailleurs, il a su comprendre que le moment où un auteur a vraiment besoin d’un éditeur n’est pas quand son oeuvre est achevée, mais lorsqu’il se bat avec son manuscrit."
Il poursuit : "Perkins était un ami, un conseiller conjugal, et un psychiatre et il prêtait de l’argent aux écrivains. Il n’a pas rempli ces rôles uniquement pour Fitzgerald, Hemingway et Wolfe mais pour une centaine d’autres auteurs. "

 

Genius -  Colin Firth

 

Colin Firth  incarne Maxwell Perkins dans le film.

John Logan, scénariste de Genius, explique que la relation entre Perkins et Wolfe était d’autant plus forte qu’ils étaient extrêmement différents : "On n’aurait pas pu imaginer deux êtres plus dissemblables que ces deux là. Max était un éditeur propre sur lui, originaire du Nord, coincé et conservateur, alors que Thomas Wolfe était un type du Sud, totalement déchaîné. Il suffit de lire cinq pages de L’ange exilé ou du Temps et le fleuve pour ressentir la passion dans le choix de ses mots et son style. Ses romans atteignent le lecteur en plein coeur avec une force émotionnelle peu commune."


En revanche, ils avaient en commun leur goût pour l’art et la grande littérature. "Ils ont su construire une langue grâce à laquelle ils sont devenus très proches l’un de l’autre, à la fois dans leur rapport d’éditeur à écrivain et dans leurs liens d’amitié."
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A. Scott Berg acquiesce : "Max Perkins avait avait besoin de Thomas Wolfe que Thomas Wolfe avait besoin de Max Perkins. Qu’est-ce qu’un éditeur comme Max Perkins sans Thomas Wolfe ? Il avait en face de lui une machine à générer des mots, de manière incontrôlée et incontrôlable. La symbiose entre ces deux hommes était magnifique."

 

Genius - Jude Law

 

Jude Law  incarne Thomas Wolfe.

 

« L’esprit de ses auteurs vibrait en Perkins. Berg raconte dans son livre qu’il était issu de deux familles très différentes et qu’on aurait dit que la Première Révolution anglaise bouillonnait en lui. Les Perkins étaient extravagants, amoureux des arts, et menaient, en un sens, une vie de bohème, alors que les Evarts étaient conformistes, puritains et réservés. Quand on faisait sa connaissance, on était sans doute frappé par son allure conservatrice, mais les types comme Thomas Wolfe étaient plus sensibles à son goût pour les arts qui lui venait du côté Perkins de sa famille." note Colin Firth, qui campe l’éditeur. Il poursuit : "Wolfe avait un formidable appétit de vie et ne pensait qu’à satisfaire ses désirs. Il voyageait énormément, vivait de véritables aventures et se bagarrait dans les bars. De son côté, Perkins n’était pas un modèle de vertu – il ne condamnait pas l’attitude de Wolfe – mais il ne se comportait pas de la même manière. Il trouvait son épanouissement dans la lecture d’oeuvres comme Guerre et paix, dont il rêvait. Je crois qu’il rêvait aussi des livres de Wolfe et de ses autres auteurs."


Perkins préférait se tenir à l’écart de l’accueil enthousiaste réservé à la publication de ces oeuvres majeures et craignait à juste titre les foudres de la critique suite à la dédicace de Wolfe dans  Le temps et le fleuve. Max Perkins a toujours dit que son travail consistait seulement à mettre à disposition des lecteurs des livres brillants, signale John Logan.
Il voulait être invisible. Il s’impliquait énormément dans l’aboutissement des oeuvres, mais il désirait uniquement que résonne la voix de Thomas Wolfe – pas la sienne. Et il était en proie aux doutes qui assaillent tous les éditeurs, se demandant s’il contribuait à améliorer les ouvrages qu’il publiait ou à les dénaturer. "Je pense que pas mal d’Anglais – et sans aucun doute les gens de mon milieu – se retrouveront dans cette abnégation. Le principe, c’est que ce qu’on fait n’a de valeur que si on n’y prend pas de plaisir. D’ailleurs, Perkins a décidé d’étudier l’économie à l’université justement parce qu’il détestait ça, et je pense qu’il a un peu regretté son choix. Il pensait qu’étudier ce qu’il aimait n’était pas un gage de réussite, si bien qu’il a plutôt aidé les autres à accomplir ce qu’ils aimaient."reprend Colin Firth
L’oeuvre de Wolfe reste aussi forte aujourd’hui, bien qu’elle ne jouisse pas de la même notoriété que celle de ses contemporains, comme Fitzgerald et Hemingway : "Il faut être un véritable passionné de littérature pour connaître l’existence de Max Perkins, mais je crois bien qu’à l’heure actuelle, il en est de même de Thomas Wolfe. Il n’appartient pas à l’imaginaire collectif comme Fitzgerald ou Hemingway, mais c’est un postulat formidable pour une histoire exaltante. Non seulement la dynamique entre les deux personnages était très intéressante à explorer, mais il s’agit de deux grands hommes tout à fait méconnus." indique Jude Law qui interprète l’écrivain. La force de la relation entre Wolfe et Perkins n’était pas sans conséquences sur leur entourage.

"Pour Tom, au bout du compte, seul comptait le travail. Il faisait preuve d’un égoïsme sidérant et son égoïsme a nourri sa volonté de se faire plaisir. Il est devenu totalement égocentré au détriment des autres, mais il avait le sentiment qu’il agissait ainsi pour son travail, et que c’était tout ce qui avait d’importance à ses yeux." Constate Jude Law. Outre ses parents et Perkins, l’écrivain n’était attaché qu’à Aline Bernstein, créatrice de costumes de théâtre parmi les plus réputées de son époque, avec qui il entretenait une liaison tumultueuse : "Wolfe avait de nombreuses maîtresses, mais Aline était son grand amour, sa muse et sa source d’inspiration." constate l'acteur.


Genius - Jude Law et Nicole Kidman"Ils étaient accros l’un à l’autre. C’était une femme impressionnante, au caractère bien trempé, passionnée par son travail et en avance sur son temps. Du coup, c’est encore plus fascinant de penser qu’elle vivait cette relation amoureuse obsessionnelle avec Thomas Wolfe." avance Nicole Kidman qui campe Aline Berstein.


"Aline était une passionaria. Quand Aline était amoureuse, elle l’était à 200%. Elle ne voulait surtout pas perdre son amour et elle se sentait menacée par la relation entre Wolfe et Perkins." souligne Berg.


La vie de famille de Perkins était, elle aussi, menacée par la tension considérable que faisaient peser la personnalité de Wolfe et son abondante production sur l’éditeur. Pour l’épouse de Perkins, Louise Saunders, elle-même écrivain dont l’oeuvre était publiée, c’était à la fois un plaisir et une épreuve de soutenir son mari dans son travail. "Louise Saunders était assez connue à son époque, mais elle est presque oubliée aujourd’hui".

"Les relations de Max avec les auteurs qu’il découvrait l’accaparaient, et si Louise était compréhensive et respectait son travail, il y avait aussi chez elle une forme de jalousie. C’était aussi une artiste qui devait rester dans l’ombre.

 

Genius - Colin Firth et Laura Linney

Elle a dû renoncer à sa propre carrière pour élever leurs enfants et laisser son mari se consacrer à son travail. La relation entre ces deux hommes était intense et les accaparait totalement. Les femmes de leur vie souffraient beaucoup de leur absence." rapporte Laura Linney qui campe le rôle.

 

 

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Mon opinion

 

Genius est un film bavard, unique aussi, pour mettre en images ce rapport particulier entre l'écrivain et l'éventuel éditeur.

 

Le scénariste John Logan, explique que la relation entre Perkins et Thomas Wolfe était d’autant plus forte qu’ils étaient extrêmement différents : "On n’aurait pas pu imaginer deux êtres plus dissemblables que ces deux là. Max était un éditeur propre sur lui, originaire du Nord, coincé et conservateur, alors que Thomas Wolfe était un type du Sud, totalement déchaîné. Il suffit de lire cinq pages de L’ange exilé ou du Temps et le fleuve pour ressentir la passion dans le choix de ses mots et son style. Ses romans atteignent le lecteur en plein cœur avec une force émotionnelle peu commune."

 

Avec retenue, talent et élégance Colin Firth endosse le costume de l'éditeur, qui ne se sépare jamais de son chapeau, y compris pendant les dîners en famille. La personnalité volcanique de l'écrivain permet à Jude Law de sortir du rôle de beau gosse.  Son déchaînement peut paraître excessif mais il semble correspondre à celui du Thomas Wolfe. Dans le rôle de F. Scott Fitzgerald, Guy Pearce offre un beau moment d'émotion. Les excellentes Nicole Kidman et Laura Linney, dans des rôles secondaires, n'en sont pas moins précieuses pour le récit.

 

La réalisation de Michael Grandage, grand metteur en scène de théâtre et d'opéra, reste très appliquée, mais avec un grand mérite, celui de donner envie de relire ou découvrir l'œuvre de ce génial écrivain. Thomas Wolfe.

 

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