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14 août 2014 4 14 /08 /août /2014 11:00


Date de sortie 13 août 2014

 

Le-Beau-monde---Affiche.gif


Réalisé par Julie Lopes Curval


Avec  Ana Girardot, Bastien Bouillon, Baptiste Lecaplain,

Aurélia Petit, Sergi López, India Hair, Stéphane Bissot, Jean-Noël Brouté

 
Genre Comédie dramatique


Production Française


 

Quelques mots sur la réalisatrice.  Julie Lopes Curval

 

Après un DEUG d’arts plastiques spécialisé en photographie, Julie Lopes Curval s’oriente vers l’art dramatique puis écrit deux pièces de théâtre qu’elle met en scène. Coscénariste de Une affaire qui roule de Eric Véniard et Le rôle de sa vie de François Favrat, elle passe à la réalisation en 2000 avec Mademoiselle Butterfly, un court-métrage présenté dans de nombreux festivals.

 

En 2002, son premier long-métrage, Bord de Mer, est remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes et remporte la Caméra d’Or.

 

Elle réalise ensuite Toi et moi en 2006, avec Marion Cotillard et Julie Depardieu, puis Mères et Filles en 2009, qui réunit Catherine Deneuve, Marina Hands et Marie-José Croze.

 

Le beau monde, tourné en 2013, est son quatrième long-métrage.

 

Ana-Girardot---Le-Beau-monde-.gif

 

Ana Girardot

 

Synopsis

 

Alice (Ana Girardot), 20 ans, vit à Bayeux.

 

Elle travaille la laine, crée des teintures, confectionne des vêtements. Elle ne sait que faire de ce talent inné, jusqu'à ce qu'elle rencontre Agnès (Aurélia Petit), une riche parisienne.


La rencontre avec Agnès permet à Alice de quitter sa ville natale, et son milieu modeste pour entrer dans une prestigieuse école d’arts appliqués. Avec l’aide du fils de sa bienfaitrice, Antoine (Bastien Bouillon), elle trouve un moyen de se loger dans la capitale.

 

Entre Alice et Antoine nait une passion amoureuse. Antoine trouve chez Alice une sincérité et une naïveté qui l'extraient d'un milieu bourgeois qu'il rejette.

 

Tandis qu’un monde entier s’ouvre à elle, Alice  vit un bouleversement d’autant plus douloureux que les différences sociales sont impitoyables.

 


Interview de Julie Lopes Curval

 

Comment est née l’idée du Beau Monde ?

 
C’était une vieille envie : raconter une histoire toute simple entre deux personnes de milieux différents, du point de vue de celui qui n’a rien et qui doit franchir les obstacles… J’avais en tête deux romans d’apprentissage que j’aime beaucoup : Martin Eden de Jack London, et l’itinéraire de Lily Bart dans Chez les Heureux du monde d’Edith Wharton qui me touche particulièrement. La manière dont les personnages se cognent au monde nous raconte si bien la rudesse d’une société et comment un monde frivole peut détruire les êtres. Mais moi, je voulais raconter la construction d’une jeune fille, et non sa destruction, sans occulter toute
la cruauté à endurer pour accomplir cette transformation. J’ai écrit une dizaine de pages que j’ai fait lire à Fabienne Vonier et elle a accepté de m’accompagner dans l’aventure de ce film et d’en devenir la productrice. Ensuite, j’ai travaillé avec ma coscénariste, Sophie Hiet.

 

Quelle est la première question que vous vous êtes posée à l’écriture ?


La première question était de trouver la passion d’Alice… Ma famille vient de Normandie et la tapisserie de la reine Mathilde, à Bayeux, est pour moi le plus bel exemple de broderie. Alors j’ai visité des écoles de Beaux-Arts et d’arts appliqués. À l’Ecole Duperré, j’ai découvert le travail en broderie d’une jeune femme qui avait pris pour sujet les jardins à la française et cela m’a fascinée. J’ai finalement passé beaucoup de temps dans l’école et longuement discuté avec le professeur de broderie. On a fini par constituer un petit atelier, les étudiants ont travaillé sur les créations d’Alice, celles qu’on voit dans le film. J’aime le côté hyper-précis, fin, courbé, de la broderie. C’est beau à filmer, donner à voir la précision de ce travail, et puis la broderie renvoie à toute une mythologie féminine, à travers l’attente qu’elle peut caractériser. Alice va d’ailleurs en faire son sujet de diplôme en devenant elle-même cette femme qui attend. Pour se dépasser dans sa formation, elle doit puiser dans sa propre expérience intime, et ce n’est pas évident, il faut un mental costaud.


Comment s’est écrite cette narration très fragmentée, où l’on ne voit pas vraiment le temps passer ?


Ana-Girardot-et-Bastien-Bouillon---Le-Beau-monde.gifPour raconter une histoire sur plusieurs années, il faut forcément des ellipses, choisir précisément où on s’arrête et ce qu’on regarde. L’idée était de suivre une à une les étapes de l’apprentissage d’Alice, la chance qu’elle force, celle qu’on lui donne, la difficulté à l’école, puis l’amour avec Antoine qui lui permet de franchir une nouvelle porte, etc. Le scénario liait davantage les événements entre eux, mais au montage, avec Muriel Breton, on a un peu asséché la narration pour accentuer cette mécanique, en ajoutant aussi ces moments d’Alice seule dans le bus, qui amènent l’idée de multiples trajets, et aussi d’étapes franchies. Le récit peut alors fonctionner comme un souvenir où le temps n’a plus beaucoup d’importance. Les ellipses apportent aussi l’idée que ça va presque trop vite pour eux deux. Cet amour vient trop tôt, ils ne savent pas le canaliser.


Différents motifs se répètent, l’école, le retour dans la famille, l’appartement, la maison bourgeoise, et chaque fois quelque chose a évolué, ça se répète et pourtant tout est différent. Les cadres aussi se répètent, mais les personnages évoluent différemment dans l’espace. Comme les deux moments sur la plage, c’est le même mouvement de caméra, mais pas exactement la même situation ! En travaillant ces motifs, on mesure la progression du personnage et les étapes de son initiation. Au début du film, Alice fait une écharpe en laine et cueille une fleur pour Kevin, quelques années plus tard elle fabrique un pavot déglingué et on la retrouve, inerte, avec ce même Kevin pour la consoler…


Il y a quelque chose d’un conte de fées quand Alice arrive pour la première fois au château…

 
Absolument. Elle entre par la grande porte, elle est comme éblouie par la magnificence des lieux. J’assume l’intemporalité, le caractère un peu désuet de cette héroïne, et de son mode d’expression. Même "le beau monde" est une expression un peu désuète. Dans les récits d’apprentissage où l’héroïne grimpe l’échelle sociale, il y a généralement en elle une rage, une colère revendicatrice. Moi je voulais un personnage plus impassible, qui regarde et transforme tout ce qu’elle voit et apprend en carburant pour avancer.


Le personnage d’Antoine est plus enragé…


Ana-Girardot-et-Bastien-Bouillon---Le-Beau-monde-copie-1.gifOui, il a une rage d’enfant gâté. Que je comprends, que je ne condamne pas. Il se met lui-même des bâtons dans les roues. Il voudrait savoir comment il s’en sortirait s’il n’avait pas sa famille, ni son argent… Mais il est naïf, bien sûr, en contradiction permanente avec lui-même, puisqu’il a hérité non seulement d’une éducation solide, mais de biens matériels. Antoine est tourné sur lui-même, et c’est aussi en enfant gâté qu’il se conduit avec Alice, il prend et quand il ne désire plus, il la délaissed’une certaine manière.


Et Alice ?

 
Alice a de grandes failles. Elle a un terrible manque de confiance en elle, qui la fragilise. Si elle est victime d’une société qui ne fait rien pour abolir les frontières, je ne voulais pas en faire une victime pour autant, mais lui donner des armes, et c’est dans le savoir que je voulais les trouver, dans son désir d’apprendre qui fait d’elle un personnage combatif, mais aussi dans sa capacité à endurer les humiliations. Quand elle entend la mère d’Antoine parler d’elle froidement, elle sait intimement que c’est vrai : elle ne sait jamais quoi dire, elle plombe les conversations… Elle voudrait être comme eux alors qu’ils ne font pas l’effort d’aller vers elle, même Antoine qui se sert de son image mais ne cherche pas plus loin… Si tous l’aident pourtant à leur manière, le seul qui la comprend vraiment, c’est Harold. Il lui offre un espace pour la parole. Il vient du même monde qu’elle et sait ce qu’elle ressent. Il ne lui demande rien en échange alors qu’elle veut tout le temps offrir ce qu’elle a même si pour le moment elle n’a pas encore grand-chose à offrir. À Antoine, elle a offert son corps et se laisse vampiriser par lui : il a d’ailleurs une façon très spectaculaire de l’embrasser, il la dévore littéralement, alors forcément, quand le désir est un peu moins là, ça se voit !

 

Ce désir passe aussi par la photo …

 
Bastien-Bouillon---Ana-Girardot---Le-Beau-Monde.gifFaire d’Antoine un photographe, c’était aussi un moyen de donner à voir ce qu’il prend à Alice… Je voulais raconter comment deux personnes se construisent ensemble en se prenant des choses l’une à l’autre, comment cette construction les éloigne peu à peu, rend impossible la vie à deux, même s’il s’agit bien d’un grand amour… Ils sont jeunes, chacun a sa route à suivre. Elle fait de lui le centre de sa vie, ce qu’il a le droit de trouver pesant… Ils sont à un âge où les erreurs sont fatales, comme ce geste d’Alice qui montre les photos d’Antoine à sa mère. En même temps, en la ramenant sans cesse à son origine, Antoine la protège, il l’aide à
garder un lien à son milieu. Je voulais lier les milieux plutôt que les opposer, je voulais qu’ils se rencontrent, qu’il y ait un échange.


Mais Antoine ne s’est-il pas mal comporté vis-à-vis des proches d’Alice ?


Non, ces gens l’intéressent, il porte un regard bienveillant sur eux, même si il vole leur image sans ressentir vraiment le fossé qui les sépare. Le HLM est beau dans son regard, il ne saisit pas la violence de cette remarque pour autant… Et Alice ne comprend pas l’attirance qu’il peut avoir pour cet univers dont elle a honte. Pourtant Antoine apprécie sincèrement la sagesse et la simplicité de Kevin et Manon. Il les aime d’autant plus qu’il peut quitter leur monde, bien sûr. En fait, Antoine aime Alice quand elle est ce qu’elle est. Quand elle veut devenir quelqu’un d’autre, aller vers ce que lui, justement, fuit, il se détache d’elle…


Le motif de la fleur caractérise Alice…


C’est un peu naïf, une fleur. La mère d’Alice porte des vêtements à motifs à fleurs, elle a un papier peint coquelicot. Effectivement, j’ai tiré ce fil : Alice a un rapport fort avec la nature, elle cueille des fleurs, c’est une jeune fille en fleur, elle est un peu fleur bleue… Et en offrant des fleurs, elle s’offre elle-même.

 

Ana-Girardot-et-Bastien-Bouillon---Le-Beau-Monde.gif

 

Ana Girardot et Bastien Bouillon

 

On peut filer la métaphore : elle passe d’un rose Disney, cette rose trop parfaite et sans âme que conteste son professeur, à un pavot un peu destroy. En tant que fleur, elle s’ouvre et se met en danger. C’est ce qui la différencie, par exemple, de l’héroïne de La Dentellière. Le livre de Pascal Laîné comme le film de Claude Goretta m’ont accompagnée depuis l’adolescence; mais leur personnage, Pomme, elle aussi aimée d’un homme d’un autre milieu social, ne cherche pas à sortir de sa vie et de sa condition… Elle s’abandonne à l’amour et quand il se lasse, ça la tue… Au contraire d’Alice qui va dépasser son chagrin en l’incarnant dans son travail. Alice se construit en perdant son amour, et c’est dans cette perte qu’elle se réalise…


Comment avez-vous choisi Ana Girardot ?

 
Ana-Girardot---Le-Beau-Monde.gifJe l’avais vu dans Cloclo : elle avait un petit rôle qu’elle faisait exister d’une manière très forte. Avec Marion Touitou, la directrice de casting, nous avons rencontré de jeunes actrices, mais j’étais presque sûre que ce serait Ana à l’arrivée. Cela me paraissait presque un pari : il fallait trouver la dureté d’Alice dans la douceur d’Ana. Elle a amené une opacité au personnage que j’aime vraiment. Ana est concentrée, présente, docile, elle se laisse modeler. J’avais envie de la regarder. De fixer son visage pourarriver à l’intérieur d’elle-même. On la voitencaisser, on attend qu’elle se réveille… Son visage nous dit plein de choses sans mot, même si, peu à peu, la parole va se libérer.

 

Et Bastien Bouillon ?


Bastien Bouillon - Le Beau MondeJe l’ai découvert aux essais. Il est particulier, très beau, avec une manière d’être qui me touche beaucoup. Il a une voix singulière, et aussi dans le visage quelque chose d’encore enfantin. A mes yeux, il était parfait pour sauver le personnage d’Antoine. Car Antoine a le mauvais rôle, d’accord, mais ce n’est pas si simple. Quand une histoire d’amour échoue, qui a tort, qui a raison ? Question abyssale. Et puis en faisant des essais avec Ana, j’ai trouvé qu’ils formaient un couple physique aussi, que leurs corps disaient déjà beaucoup. C’était important dans le film cette alchimie.


Sergi López, Baptiste Lecaplain, Aurélia Petit, India Hair… tous les seconds rôles sont riches, complexes...


Marion Touitou a fait un travail remarquable. Sergi López ne correspondait pas forcément à l’image qu’on se fait d’un parfumeur mais il a apporté un raffinement et une vraie délicatesse au personnage. Je voulais que les mères soient jeunes, Stéphane Bissot et Aurélia Petit se sont imposées par leur capacité à composer des personnages éloignés d’elles. Je voulais que Kevin et Manon, Baptiste Lecaplain et India Hair, aient une forme de sagesse, qu’Antoine leur envierait. Baptiste Lecaplain m’a tellement plu aux essais que j’ai réécrit pour lui et développé le personnage de Kevin.


Comment avez-vous travaillé sur la musique ?


Au départ, il y a la découverte de la chanson de Françoise Hardy,
Même sous la pluie. Elle a donné le la. J’avais l’impression que c’était Alice qui la chantait, tant elle lui convenait. Quand j’ai montré le film à Sébastien Schuller, on avait monté la chanson au milieu du récit. Il m’a envoyé plusieurs thèmes pop et mélancoliques, je voulais qu’il y ait encore cette idée de boucle, quelque chose d’obsessionnel, et qui se transforme... et quand elle entre dans le château, quelque chose d’à la fois merveilleux et d’un peu factice. Mais les clochettes s’évaporent à mesure qu’Alice traverse les apparences…

 

 

Mon opinion

 

La réalisatrice Julie Lopes Curval coécrit un scénario, avec la fidèle Sophie Hiet, somme toute assez banal. Tout en abordant le sujet d'une façon différente Le beau monde n'est pas sans rappeler le récent et très beau film de Lucas Belvaux Pas son genre.

 

Les dialogues, trop convenus, atténuent l'intérêt du film qui ne prend pas véritablement son envol, et ne laisse augurer en rien, une moindre surprise.

 

Une certaine Agnès, issue de la grande bourgeoisie, très vaguement décrite, comme travaillant dans la mode tend à la main à Alice, une jeune fille issue de la classe ouvrière, très douée pour le travail de la laine interprétée avec conviction par Ana Girardot.

 

La rencontre entre Antoine, le fils d'Agnès, un rien gâté et intraitable, dont le rôle est tenu par Bastien Bouillon, et la jeune Alice manque cruellement d'épaisseur. Le fils trouvera dans la famille d'Alice matière à développer son talent de photographe. Alice cherchera avec une volonté délibérée, à monter les marches pour accéder à la prétendue supériorité d'une classe sociale plus élevée. En découle une histoire d'amour sans tendresse.

 

Le travail acharné et indispensable pour arriver à se démarquer, pour trouver sa place, pour laisser éclater son talent, que la jeune Alice déploiera sans faiblir, reste la partie la plus intéressante du film. La réalisatrice ne fait que survoler ce combat permanent pour s'enliser dans une histoire banale et une fin attendue.

 

 

 

Sources :

http://www.unifrance.org

6 août 2014 3 06 /08 /août /2014 21:18


Date de sortie 6 août 2014

 

Winter-Sleep---Affiche.gif


Réalisé par  Nuri Bilge Ceylan

 
Avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbağ,

Ayberk Pekcan, Nejat İşler, Serhat Mustafa Kılıç,  Emirhan Doruktutan


Titre original Kis Uykusu

 

Genre  Drame


Production Turque

 

Outre le Prix FIPRESCI de la critique internationale,   

Winter Sleep a remporté la Palme d'or du 67ème Festival de Cannes.

 

Le cinéaste, venu recevoir son prix, a dédié sa Palme à "la jeunesse turque, à celles et ceux qui ont perdu la vie pendant l’année qui s’est écoulée". Son pays a connu de violentes manifestations contre le gouvernement de l'AKP.

 

Nuri Bilge Ceylan est né à Istanbul le 26 janvier 1959. En 1976, il démarre des études d’ingénieur chimiste à l’université technique d’Istanbul, dans un contexte de forte agitation étudiante, sociale et politique. En 1978, il poursuit avec un diplôme d’ingénieur électrique à l’université du Bosphore. Il y développe un très fort intérêt pour l’image, s’inscrivant au club de photographie de l’université. C’est là également qu’il alimente son goût pour les arts visuels et la musique classique, grâce aux vastes ressources bibliothécaires de la faculté. Il commence à prendre des cours de cinéma et assiste aux projections du ciné-club, ce qui renforce son amour du cinéma, né des années plus tôt dans les salles obscures de la cinémathèque d’Istanbul.

 

Nuri-Bilge-Ceylan.gifDiplômé en 1985, il voyage à Londres et  Katmandou, et en profite pour réfléchir à son avenir. Il revient en Turquie pour faire son service militaire d’une durée de 18 mois. C’est à ce moment-là qu’il décide de dédier sa vie au cinéma. Après son service, il étudie le cinéma à l’université Mimar Sinan, tout en devenant photographe professionnel afin de gagner sa vie. Au bout de 2 ans, il abandonne son cursus universitaire pour passer à la pratique. Il commence par jouer dans un court-métrage réalisé par son ami Mehmet Eryilmaz, tout en participant au processus technique de réalisation.

 

Fin 1993, il commence à tourner son premier court-métrage, Koza. Le film est projeté à Cannes en mai 1995 et devient le premier court-métrage turc sélectionné au festival de Cannes.

 

Trois longs-métrages suivent, qui peuvent être considérés comme des "suites" de Koza. Ils ont également été qualifiés de "trilogie provinciale". Il s’agit de Kasaba en 1997. Nuages de mai en 1999 et Uzak réalisé en 2003.


Uzak, reçoit : 

- Le Grand Prix au Festival de Cannes 2003


et fait de Nuri Bilge Ceylan un réalisateur reconnu au niveau international.

Uzak gagna pas moins de 47 récompenses, dont 23 internationales, et devint ainsi le film le plus récompensé de l’histoire du cinéma turc.

 

Son film suivant, Les climats, est également sélectionné à Cannes en 2006 et y remporte :

 

- Le prix FIPRESCI de la critique internationale.

 

En compétition lors de la 61ème édition du festival de Cannes en 2008, son film Les Trois Singes obtient

 

- Le prix du meilleur réalisateur.

 

En 2009, il fait partie du jury cannois.

 

En 2011, son film Il était une fois en Anatoli remporte

 

- Le Grand Prix à Cannes.

 

L’année suivante, Nuri Bilge Ceylan reçoit le "Carrosse d’Or" lors du festival de Cannes, récompense décernée dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs par la Société des Réalisateurs de Films à l’un de leurs pairs.

Nuri Bilge Ceylan prend pour acteurs, dans tous ses films, ses amis et des membres de sa famille. Lui-même assure plusieurs postes techniques : la cinématographie, le design sonore, la production, le montage, l’écriture, la direction d’acteurs...

 

 

Winter-sleep-.gif

 

Synopsis

 

Aydin (Haluk Bilginer), un ex-comédien de théâtre célèbre, la soixantaine bien tassée, tient un petit hôtel dans une petite ville, coincée dans les paysages superbes, de la région touristique de la Cappadoce. De son père, il a hérité de maisons qu’il loue dans le village, mais par ses certitudes et son aveuglement, il suscite sans le vouloir les rancœurs de ses voisins et les reproches de ses proches…

 

Il est marié à une femme bien plus jeune que lui, Nihal (Melisa Sözen), dont il s’est éloigné sentimentalement.

 

Aydin a recueilli sa sœur Necla (Demet Akbağ), mal en point depuis son récent divorce et traite fort mal, sans même s'en rendre compte, ses domestiques et ses locataires.

 

En hiver la neige recouvre la steppe. Alors que les touristes ont déserté les lieux, Aydin se retrouve seul face à sa jeune femme et sa sœur. L’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements...

 

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Melisa Sözen

 

Extraits d'entretien de Michel Ciment et Philippe Rouyer avec Nuri Bilge Ceylan

pour http://www.memento-films.com

Propos recueillis à Cannes le 20 mai 2014. Kerem Ayan traducteur.

Extrait de l’entretien à paraître dans Positif n° 641/642- Juillet/août 2014

Numéro spécial : chefs opérateurs et couleurs.

 

 

Comment est né ce projet de tourner un film en Cappadoce, dans ces falaises troglodytes ?

 

Nuri Bilge Ceylan : Je me suis inspiré de trois nouvelles de Tchekhov, j’ai ce projet en tête depuis quinze ans. Je ne vous dirais pas quels récits j’ai choisi pour ne pas trop orienter la lecture du film, mais si l’on connait bien l’œuvre de l’écrivain, il n’est pas difficile de trouver l’origine. Nous avons beaucoup changé l’histoire, ajouté des choses. Au début nous ne voulions pas tourner en Cappadoce, car l’endroit me semblait trop beau pour ce film- là, mais nous n’avons pas réussi à trouver un hôtel un peu isolé du monde où je pourrais mettre mes personnages à l’écart de la vie courante. En plus je voulais qu’il y ait quelques touristes dans cet établissement, ce qui est vraisemblable en Cappadoce, où ils viennent même en hiver. Quand nous avons finalement repéré cet endroit nous avons voulu y situer notre histoire, par conséquent, elle a évolué. Le décor, en un sens, a aidé à son changement.

 

Winter-Sleep.gif


On a parlé aussi de La Cerisaie comme source d’inspiration.

 
Je n’y ai pas du tout pensé, il n’y a pas de rapport direct, mais comme toute l’oeuvre de Tchekhov tourne autour des mêmes thèmes on peut aussi, bien sûr, évoquer La Cerisaie.


Le nom de l’hôtel, Othello, les affiches de Caligula de Camus, et de Antoine et Cléopâtre de
Shakespeare dans le bureau de Aydin sont-ils des pistes ?


Pas vraiment, mais comme le personnage principal est un ancien comédien, il est normal que dans le lieu où il travaille il y ait des affiches de théâtre. De plus, ce sont des affiches qui lui appartiennent et des pièces dans lesquelles il a joué. Haluk Bilginer est un acteur très connu en Turquie et son personnage dirigeant un hôtel, il est logique qu’il lui donne le nom du héros de Shakespeare.


Vous avez travaillé sur le scénario avec votre femme Ebru. Comment se passe votre collaboration ?


Nous écrivons ensemble depuis Les Climats. D’abord, nous nous attachons à la construction de l’histoire, puis à la rédaction des dialogues. En fait, chacun s’y met de son côté, puis nous en discutons. Au moment où arrive la décision de choisir tel ou tel dialogue il y a beaucoup de disputes, parfois assez violentes, mais elles nous aident à trancher entre plusieurs options. Le temps de l’écriture est assez court mais le temps de la dispute plus... long ! Comme je suis le réalisateur je veux avoir le dernier mot mais Ebru trouve toujours le moyen d’essayer de me persuader que ce n’est pas le bon dialogue. Ces débats continuent même après la sortie du film. Si un journaliste critique négativement un aspect du film avec lequel elle n’était pas d’accord, elle me fait remarquer qu’elle avait raison ! Il me faut alors trouver un autre article qui épouse mon point de vue !

 

Winter-Sleep-copie-1.gif


Quelles sont les qualités d’Ebru dans votre écriture en commun ?

 

Elle est particulièrement bonne pour élaborer l’intrigue. Quand nous avons travaillé sur Il était une fois en Anatolie, c’est elle qui a trouvé la plupart des solutions aux problèmes. Je pense aussi qu’elle est encore plus impitoyable que moi pour juger notre travail. C’est quelqu’un de très réaliste. Parfois je me sens comme Aydin, mon protagoniste, quand il est face à sa sœur Necla, un personnage intransigeant. Face à ses assauts, j’ai parfois envie de lui dire de me laisser retomber sur mes pieds. Je pense que ce réalisme de Ebru est bénéfique au film : elle est ancrée dans le présent et la réalité.

 

Le fait que votre film soit plus dialogué que d’habitude a-t-il changé quelque chose dans l’écriture ?

 

En fait, nous avions des doutes pendant l’élaboration du scénario et nous nous demandions si le spectateur accepterait ces dialogues très littéraires qui ne le gênent pas au théâtre.

 

Winter Sleep se rapproche des Climats qui faisait le portrait d’un couple et qu’avaient suivis deux films noirs, deux thrillers, pour ainsi dire, Les Trois Singes et Il était une fois en Anatolie. Mais par rapport aux Climats c’est une œuvre beaucoup plus ample, comme un grand roman. Dès le départ avez-vous pensé réaliser un film de trois heures seize, une sorte de fresque ?

 

Déjà, quand nous avons fini d’écrire le scénario, nous nous sommes rendu compte de ce qui allait se passer, car il faisait cent soixante trois pages contre quatre-vingt seize pour Il était une fois en Anatolie. Mais ça n’était pas très important pour moi. Je pense que je dois avoir la même liberté qu’un écrivain qui, quand il écrit, ne se demande pas combien de pages doit avoir son roman. Ce sont seulement des soucis commerciaux qui cantonnent les metteurs en scène dans des films de quatre-vingt dix minutes ou cent minutes. Je n’ai jamais pensé à ce genre de choses et nous nous sommes lancés dans l’aventure.

 

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Haluk Bilginer

 

Est-ce que tous les personnages existaient dans le synopsis où y en a-t-il certains qui sont nés progressivement ?

 

Le point de départ ce fut l’homme et la femme et ensuite la sœur, puis ceux qui les entourent et enfin l’imam, son frère et l’enfant. C’est pourquoi la première scène que nous avons écrite n’était pas celle de l’enfant cassant le pare-brise avec une pierre. Notre première séquence confrontait le mari et son épouse Nihal. Puis, nous nous sommes dit qu’il fallait établir un lien entre ce couple et la petite ville où ils se sont installés et du coup nous avons crée cette famille. En fait, je me suis souvenu de quelque chose qui m’est arrivé dans mon enfance. Nous étions avec mon père dans une petite agglomération et il avait ramené une voiture des Etats-Unis qui était, je crois, la seule qui se trouvait là et un gamin a jeté une pierre contre la vitre. Mon oncle est sorti du véhicule, est allé chercher le garçon et l’a ramené comme dans le film.

 

Il y a une séquence qui tranche avec la tonalité du film, c’est celle où Nihal vient offrir de l’argent à Ismail, le père alcoolique de l’enfant, qui brûle la liasse de billets, comme dans un chapitre célèbre de L’Idiot de Dostoïevski. La scène est insérée au milieu d’une longue séquence de beuverie.


Pour moi ce personnage d’Ismail n’est pas très réaliste, je le vois plutôt comme utopique. Nous voulions qu’il soit comme cela, vivant dans un autre monde, et nous avons pensé que cette séquence était nécessaire pour donner une leçon à Nihal. J’aime bien cette scène imprégnée d’utopisme, pour mieux faire ressortir le réalisme de l’ensemble. Chez Dostoïevski il y a aussi ce genre de contrepoint.

 

Winter-Sleep---Melisa-Sozen-copie-1.gif


Comment voyez-vous les personnages féminins par rapport à Aydin ? Ils nous semblent plus concrets, se faisant moins d’illusions que l’homme, vivant moins dans les faux semblants.

 
Quand j’ai écrit ces femmes fortes, je me suis inspiré de mon enfance, car je vivais avec ma tante et ses deux filles qui étaient ainsi. Les hommes n’étaient pas souvent à la maison, ils partaient et revenaient, et ces femmes leur disaient leurs quatre vérités. Cela m’a beaucoup inspiré. Fitzgerald a écrit que toute vie est une entreprise de démolition. Dans la scène de beuverie, on a le sentiment que Aydin est en train de s’écrouler après un long processus qui voit son masque tomber. Je suis d’accord mais j’ajouterais qu’il faut vraiment que Aydin soit détruit pour qu’il puisse recommencer à faire quelque chose. Je pense que dans la vie il en va souvent ainsi, qu’il faut aller au bout d’un processus de destruction pour pouvoir poursuivre son existence autrement. C’est pour cela que nous avons conçu cette scène où ils se noient dans l’alcool. Aydin doit ensuite retrouver un peu de fierté pour avoir la force de retourner à la maison et d’écrire enfin son Histoire du théâtre turc. A la fin il y a la possibilité de renouer avec Nihal, mais nous ne sommes pas certains qu’il prononce vraiment ces paroles, et en même temps, avec ces mots il met le fardeau sur les épaules de sa femme.

 

Pouvez-vous vous exprimer sur la couleur au cinéma ?

 

J’ai commencé à penser à la couleur à l’époque où je faisais beaucoup de photographies. J’ai fait en même temps des recherches sur l’histoire de la peinture. A l’époque les tirages en couleur étaient très chers et la qualité n’était pas terrible, si bien que je me suis consacré au noir et blanc. Jusqu’à Uzak j’ai aussi réalisé mes films en noir et blanc car je pouvais vraiment contrôler les nuances, ce qui n’était pas possible en couleurs. Avec le passage au numérique il est devenu beaucoup plus facile pour le réalisateur de décider de tout et d’obtenir exactement ce qu’il veut en terme de chromatismes, y compris après coup, au moment de l’étalonnage. Je peux établir les gradations avec beaucoup plus de précision. En ce qui me concerne, je pense que j’ai un peu trop joué sur les couleurs quand j’ai réalisé Les Trois Singes et aujourd’hui je m’abstiens de travailler ainsi pour rechercher une façon plus globale d’appréhender les couleurs et non couleur par couleur, comme le font les américains. Pour moi ce sont les ombres qui comptent davantage, le rapport du sombre au clair. Pour la première fois avec ce film, nous avons beaucoup tourné en studio - chez l’imam par exemple ou dans l’hôtel - et j’ai aimé cela car j’avais davantage de liberté pour mettre plus ou moins de lumière. Je dirais que nous avons tourné deux mois en extérieur et six semaines en studio. Avec la présence de la neige nous allions vers le noir et blanc. Le fait que la neige recouvre cette région quand Aydin s’en va était très important pour moi. Je pense en effet que lorsque vous mettez fin à une relation, le monde vous parait différent et le paysage change de nature : ici il devient blanc.

 

À quels moments avez-vous décidé d’utiliser la musique et en particulier cette sonate N° 20 de Schubert que l’on entend aussi dans Au hasard, Balthazar.


Nous avons essayé plusieurs musiques et j’ai voulu utiliser ce morceau parce que Schubert se sert du même thème mais avec de légers changements, de minimes variations. C’est un morceau très connu et en faisant des recherches j’ai découvert que Bresson l’avait déjà adopté, mais cela ne me paraissait pas grave !


De l’âne de Balthazar au cheval de Winter Sleep ?

 

Cappadoce, en turc, veut dire "le pays des beaux chevaux". Dans cette région il y a beaucoup de splendides chevaux sauvages et il m’était donc impossible de ne pas les faire entrer dans mon histoire. Ils n’ont aucun contact avec les hommes et dès qu’on les attrape ils commencent à lutter pour leur liberté. Cela me semblait convenir au film.

 

Dans les deux grandes scènes centrales, entre Aydin et sa sœur puis entre Aydin et son épouse, tournées en champ/contre champ on retrouve l’intensité des films de Bergman. On pense encore plus à lui qu’à Tchekhov !

 

Effectivement dans l’histoire du cinéma il est le maître des conflits de couples, des règlements de compte, et il est l’un de mes réalisateurs préférés. Je n’ai pas voulu chercher une forme différente pour ces deux séquences : j’ai visé le style le plus simple possible pour faire ressortir cet affrontement entre deux personnages. Toute autre approche aurait nui à l’émotion de ces duels. J’ai tourné avec une seule caméra mais je faisais beaucoup de prises !

 

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Comment avez-vous travaillé avec vos comédiens ?


Je ne peux pas dire que je leur ai laissé beaucoup de liberté. Je voulais qu’ils disent le dialogue tel que nous l’avions écrit. Mais une fois la prise faite, je les laissais improviser pour voir s’ils pouvaient donner autre chose. Mais je constatais que même s’ils ajoutaient des détails pour donner encore plus de naturel, ils ne s’éloignaient pas vraiment du texte. Nous avons passé beaucoup de temps à faire des répétitions filmées dans les décors pour que je trouve ce que je voulais. Je voyais ensuite si nous pouvions faire mieux.

 

C’est la première fois que vous travailliez avec vos acteurs principaux.

 

Haluk Bilginer a longtemps vécu en Angleterre où il dirigeait un théâtre, puis il est rentré en Turquie où il a créé une compagnie ; il est très connu. Quand j’ai commencé à écrire le scénario j’ai tout de suite pensé à lui car il me fallait un acteur de théâtre, son texte étant très littéraire. Melisa Sözen (Nihal) a un visage et une voix que j’aime beaucoup et elle joue surtout dans des séries à la télévision. Demet Akbağ (Necla) est la plus connue en Turquie, c’est une star et elle joue surtout dans des comédies. J’ai pensé à elle car je voulais une interprète qui parle vite, qui ait de la répartie. Serhat Mustafa Kılıç, qui joue l’imam Hamdi, m’avait frappé parce qu’il était très bon dans des séries où les comédiens, en général, ne sont pas d’un très haut niveau. Je voulais depuis longtemps faire jouer Nejat İşler, qui interprète son frère Ismail, car il a un charisme qui fonctionne comme un aimant. Pour l’enfant, nous avons fait un casting dans la région, en allant dans les écoles, et dès le début j’ai remarqué ce garçon, Emirhan Doruktutan, qui avait un regard très insolent et nous posait des questions assez dures. Il convenait parfaitement au rôle.

 

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Haluk Bilginer et Melissa Sözen

 

Winter Sleep est le film le plus long jamais réalisé par Nuri Bilge Ceylan, pourtant spécialisé dans des oeuvres travaillant sur des temps de latence, de vide et d'attente, avec 3 heures et 16 minutes de projection nécessaire à la fiction. Il était une fois en Anatolie durait déjà 2 heures 30 mais jamais encore le cinéaste n'avait passé le cap des trois heures pleines.

 


 

Mon opinion

 

Certes, le film dure plus de trois heures.

 

Pour celles et ceux qui aiment le grand et beau cinéma, cette longueur ne sera en rien gênante. C'est l'un des points forts du film qui permet de pénétrer au plus profond des états d'âme de chacun des protagonistes. Pas seulement en simple spectateur, mais presque comme acteur. Tout est parfait. Parfaitement maitrisé, écrit, filmé, interprété. Un rien théâtral. Dans ce monde, comme dans le nôtre chacun tentera de trouver sa place.

 

Nuri Bilge Ceylan, réalise un film, rare, fort, d'une extrême finesse et magnifique de bout en bout.

 

Inutile de chercher des mots qui n'arriveront pas à traduire le ressenti devant la sublime photographie et cette façon toute particulière de filmer les visages et les regards. Il y a aussi les paysages magnifiques et envoûtants de cette région de Cappadoce. Le cadre est propice à certaines scènes qui m'ont particulièrement marqué. Un cimetière, un lapin abattu au cours d'une partie de chasse, des villages perdus, mais plus que tout une séquence avec un cheval sauvage.

Le scénario est magnifiquement construit. Les dialogues, très bavards obligent à une attention permanente, avec la lecture des sous-titres, pour tous ceux qui ne possèdent pas la langue turque. Ils nous renvoient bien souvent face à nos propres failles et reflètent l'exacte photographie de notre monde actuel. Ce simple fait, peut déranger, ou enrichir.

Le film met en avant un incroyable trio d'acteurs. L'ensemble du casting est tout aussi parfait. Chaque rôle, aussi court soit-il, apporte un plus supplémentaire à une intrigue qui ne finit pas de s'enrichir.

 

Winter Sleep et sa Palme d'or largement méritée est un film à voir. Un grand moment de cinéma qui s'offre à vous.


 

Sources :

http://www.memento-films.com

http://www.imdb.com

http://www.allocine.fr

30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 20:30

 

Date de sortie 23 juillet 2014

 

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Réalisé par Daniel Ribeiro


Avec Ghilherme Lobo, Fabio Audi, Tess Amorim,

Lúcia Romano, Eucir de Souza, Isabela Guasco


Titre orginal Hoje Eu Quero Voltar Sozinho


Genre Comédie dramatique


Production Brésilienne


Daniel Ribeiro est né en 1982 à São Paulo, il y fait ses études, dans l’école de cinéma de l’université. Il réalise ensuite deux courts-métrages, Cafe Com Leite (Café au lait) et Eu não quero voltar sozinho (Je ne veux pas rentrer tout seul), qui sont présentés dans plus de 180 festivals internationaux et reçoivent 115 prix, dont l’Ours de cristal au festival de Berlin.

 

Devant le succès récolté et le potentiel de l'histoire de Leonardo et Gabriel, le réalisateur a réécrit le scénario, tout en conservant la trame générale et quelques dialogues, pour le transformer en long métrage et le distribuer en salles.

 

Daniel Ribeiro est également le créateur d’un site internet musical, Musica de Bolso (Musique de poche) et d’un projet web anti-homophobie, Eu Sou Gay (Je suis gay).

 

Au premier regard, salué parle Prix de la critique internationale

au Festival de Berlin en 2014,  est le premier long-métrage de Daniel Ribeiro.

 

 

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Ghilherme Lobo

 

Synopsis :

 

C’est la fin de l’été à São Paulo

 

Leonardo (Ghilherme Lobo) est un adolescent aveugle qui essaie d'échapper à une mère, (Lúcia Romano) surprotectrice et gagner son indépendance.

 

Soutenu par sa meilleure amie Giovana (Tess Amorim), il aimerait être plus indépendant, étudier à l’étranger, mais aussi tomber amoureux.

 

Au-premier-regard---Tess-Amorim-et-Ghilherme-Lobo-.gif Tess Amorim & Ghilherme Lobo

 

L'arrivée de Gabriel (Fabio Audi) dans leur classe et de nouveaux sentiments vont remettre ses plans en question, au grand dam de Giovana qui se sent exclue.


Progressivement, l’amitié que Leonardo ressent pour Gabriel semble évoluer vers autre chose.

 

Mais comment le séduire et savoir s’il lui plait puisqu’il ne peut pas le voir ?

 

 

Ghilherme Lobo & Fabio Audi Au premier regard - Ghilherme Lobo & Fabio Audi

 

 

Entretien avec Daniel Ribeiro

Leonardo, le protagoniste de votre film, est non-voyant et gay mais son histoire ressemble à celle d’un adolescent comme les autres...

 

Le film dresse le portrait d’un adolescent qui découvre sa sexualité et pas seulement son orientation sexuelle. Ce qui compte pour Léonardo n’est pas d’être gay, mais de faire l’expérience du premier amour, du premier désir et toutes les nouvelles expériences qu’on fait à l’adolescence. Je pense qu’on a tous vécu cela. C’est une histoire universelle et, gay ou pas, aveugle ou pas, tout le monde peut comprendre les sentiments de Leonardo.

 

Le fait que Leonardo est non-voyant ne change-t-il pas tout de même son rapport au monde en tant qu’adolescent et homosexuel ?

 
Evidemment. On pense toujours au regard comme élément primordial de la relation, surtout dans la communauté homosexuelle où le fait de regarder et d’être regardé est essentiel. Le film parle de l’importance du regard mais aussi du fait que l’attirance et la sensibilité peuvent également provenir des autres sens, du toucher, de l’odorat... Cela dit, je ne pense pas que le fait qu’il soit aveugle influence tant que cela Leonardo. Cela influence plus l’histoire que le personnage. Pour Leonardo, le fait d’être aveugle n’est pas vraiment un problème. Tout comme sa sexualité. C’était important pour moi de faire ressentir cette insouciance. Il est né non-voyant, il a l’habitude et ne s’apitoie pas sur son sort. Ce qui le désole, c’est la façon dont certaines personnes réagissent autour de lui.

 

Je pense que beaucoup d’handicapés ressentent la même chose : ils ne veulent pas être traités différemment, ils veulent juste sembler à la fois normaux et singuliers comme tout un chacun.


Curieusement, le fait que Leonardo veuille être indépendant semble être une source de drame plus importante que son coming-out...


Au-Premier-regard---Ghilherme-Lobo---Fabio-Audi.gifIl y a déjà eu beaucoup de films sur le coming-out, certains sont formidables, mais aujourd’hui je pense qu’on a dépassé ce stade et qu’on doit avancer. Le film montre que le "drame" du coming-out peut être surmonté même au Brésil ! Dans mon film, le problème réside dans le "qui m’aime en retour ? " et non pas dans le "qui j’aime et pourquoi je l’aime ?". Je voulais un personnage qui cherche juste à être heureux, qui a découvert à l’adolescence qu’il est gay mais pour qui cette découverte fait naturellement partie de celles qu’on fait à cet âge, comme le changement des corps et des sentiments. Alors oui, du coup, c’est son désir d’indépendance qui prend le dessus et qui est source de conflit pour son entourage : son père, sa mère mais aussi sa meilleure amie Giovanna qui craint de le perdre...

 

Leonardo ne pouvant pas voir, vous ne pouviez pas filmer son “point de vue”. Vous êtes-vous senti limité par son handicap en tant que réalisateur ?


Non, j’ai plutôt eu envie de jouer avec ce handicap, par le biais des images, comme dans cette scène où Leonardo, assis sur l’herbe, la nuit, demande à Giovanna si elle a vu Gabriel et qu’elle lui répond "non" simplement parce qu’elle veut rester seule avec lui alors que Gabriel est dans son champ de vision. Du coup, j’ai beaucoup travaillé sur les sons qui proviennent à Leonardo de son point de vue, par exemple dans la scène où il veut quitter l’école tout seul et que ses camarades jouent autour de lui. Au Premier regard - Ghilherme Lobo & Fabio Audi-copie-1C’est intéressant esthétiquement pour un réalisateur de pouvoir jouer avec ces éléments. Le son n’est pas toujours apprécié à sa juste valeur, alors c’était très excitant de le mettre en avant dans mon film. Le fait que Leonardo soit aveugle m’a obligé à être plus attentif à tout cela, j’en suis très heureux. Et peut-être serai-je plus attentif dans le futur, lorsque je ferai des films avec des "voyants", à tout ce qui fait partie du cinéma et n’est pas purement visuel.


La production a choisi la chanson Modern Love de David Bowie et There's too Much Love du groupe Belle & Sébastian. Ces deux chansons illustrent l'amour naissant entre les deux adolescents.


Parlez-nous de vos comédiens.


Avant de réaliser Au premier regard, j’avais déjà il y a trois ans réalisé un court métrage sur le même sujet,
Eu nao quero voltar sozinho. J’avais choisi mes comédiens pour le court métrage, et j’ai à nouveau fait appel à eux pour le long métrage : il y avait tellement d’alchimie entre eux que c’était évident pour moi. Entre temps, ils avaient vieilli de trois ans, il y a donc un traitement très différent de celui du court métrage, avec des problématiques de sexualité plus frontalement abordées, des corps plus exposés à l’écran, le thème de l’indépendance plus central. Avec les acteurs, nous avons beaucoup parlé, échangé nos idées. Parfois, ils avaient plus pensé à leurs personnages que je ne l’avais fait moi-même... Certains moments du scénario n’étaient pas très bien définis, je pouvais leur dire "ils marchent dans la rue en parlant", et c’était à eux de trouver ce qu’ils devaient se dire. J’aime bien procéder ainsi, attraper au vol tout ce que chacun peut apporter au film. Avec le chef opérateur ou l’équipe technique, c’était pareil, aux postes où ils étaient, ils voyaient parfois des choses que je ne remarquais pas.

 

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Fabio Audi, Tess Amorim & Ghilherme Lobo


Comment avez-vous travaillé avec Ghilherme Lobo, qui interprète Leonardo dans le film ?


Dès l’écriture de mon court métrage il y a trois ans, ma principale préoccupation était de trouver le jeune acteur qui pourrait interpréter un personnage de non-voyant. J’ai alors rencontré Ghilherme, qui avait à peine 14 ans à l’époque, et dès la première session d’essais, il a trouvé une façon de jouer Leonardo, en cachant brillamment son regard Au Premier regard - Ghilherme Loboderrière ce regard lointain qu’on lui trouve dans le film. Ghilherme est très intuitif et très observateur. Après que je l’ai choisi, nous avons passé du temps dans des institutions de non-voyants, où il a appris comment être guidé, et où les autres acteurs ont appris comment le guider. Il a aussi appris comment utiliser la machine à écrire en braille, entre autres...

 

 

 

Mon opinion

 

 

Devant le succès international de son deuxième court-métrage, le jeune réalisateur, Daniel Ribeiro, réécrit le scénario, fait appel aux mêmes acteurs et réalise ainsi son premier long métrage. Au premier regard.
 
Le sujet aurait facilement pu basculer dans le larmoyant. Un jeune homme non voyant, étouffé par une famille trop protectrice, homosexuel de surcroît, cherche la liberté et l'amour. Tout était rassemblé pour plomber le film. C'est tout le contraire.

Le réalisateur évite tous les écueils et réalise ce premier long-métrage avec une grande pudeur, une infinie délicatesse. Beaucoup de tendresse aussi. Un joli conte dans notre actualité, assez rare pour le mentionner. À ne pas négliger non plus pour le message de tolérance délivré, et le droit à la différence, aussi.
 
Le scénario n'appuie pas lourdement sur le handicap physique du héros, pas davantage sur son orientation sexuelle. Il est juste question d'un jeune homme qui, comme les autres, vit avec ses besoins et surtout ses envies, comme tout un chacun. Sans aucun apitoiement. Là réside peut-être la plus belle réussite du film.
 
Un grand plus, et non des moindres, vient des trois principaux protagonistes. Parfaitement justes, attachants et charismatiques.
 
Nul doute que Daniel Ribeiro revienne nous surprendre. Outre ses nombreux engagements et projets divers, il offre avec ce premier film, simple et généreux, des portraits magnifiques d'une jeunesse, à qui on ne peut souhaiter que le meilleur.  


Au-premier-regard-.gif

 

 

Sources

http://distrib.pyramidefilms.com

http://vejasp.abril.com.

http://www.imdb.com

26 juillet 2014 6 26 /07 /juillet /2014 20:00


Date de sortie 23 juillet 2014

 

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Réalisé par Léa Fazer


Avec Pio Marmaï, Michael Lonsdale,

Déborah François, Nicolas Bridet, Alice Belaïdi, Dominique Reymond, 

Scali Delpeyrat, Marie-Armelle Deguy,  Micha Lescot,


Genre Comédie dramatique


Production Française

 

Extraits d'un entretien avec la réalisatrice Léa Fazer.

 

Qeelle est la génèse du film ?


Après Notre univers impitoyable, Jocelyn Quivrin m’avait appelée pour me demander si je ne voulais pas l’aider à écrire son film. J’avais décliné avec un : "J’ai beaucoup de travail... " mais lui avais demandé son sujet par curiosité. Il m’a dit que c’était ce qu’il avait vécu avec Eric Rohmer sur le tournage des Amours d'Astrée et de Céladon. Soit, précisément : comment un jeune acteur qui s’intéresse aux bagnoles, qui rêve de jouer dans Fast & Furious se retrouve, presque par malentendu, dans un film d’un maître du cinéma d’auteur, et comment cette expérience le transforme.

 

Je me souviens d’avoir ri et ajouté que j’allais m’arranger pour trouver du temps. Derrière la comédie, je perçois le côté émouvant d’un jeune homme qui trouve un passage vers la culture et l’amour grâce à un vieil homme.

 

Le sujet m’apparaît essentiel, car je crois qu’un monde où on laisse la culture sur le bord du chemin devient stérile. American Beauty montrait bien cette désertification des liens amoureux et familiaux, qui m’effraie tant : celle-ci survient quand on n’a plus rien d’autre à partager que du matériel…


On a écrit un synopsis, on l’a fait lire à l’équipe de Mandarin. Isabelle Grellat, qui travaille avec les frères Altmayer, avait produit le court réalisé par Jocelyn, Acteur : un film satirique qui montrait comme un jeune comédien pouvait se sentir exclu d’un certain cinéma d’auteur, d’un certain monde. Avec Rohmer, il a eu accès à ce monde… La nuit où Jocelyn meurt, je l’appelle, je tombe sur sa messagerie, je lui dis : "Tu vas recevoir la première version dialoguée, dis-moi ce que tu en penses." Il n’a jamais écouté ce message, le film s’arrête.

 

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Pio Marmaï et Michael Lonsdale

 

Un clin d'œil à Claude Lelouch avec dans les dialogues, cette phrase ...

 

"Jouissez de la vie il est peut-être beaucoup plus tard que vous pensez"

 

 

Synopsis

 

Henri (Pio Marmaï), un jeune acteur fasciné par les films d'action hollywoodiens, rêve de jouer dans Fast & Furious. En manque de rôles, il passe un casting avec Cédric Rovère (Michael Lonsdale), un vieux réalisateur et monstre sacré du cinéma d’auteur.

 

Henri est engagé, et il s'imagine déjà gagner des millions et vivre comme une star. Mais le tournage à très petit budget commence, ce qui provoque la surprise et la déception du jeune acteur.

 

Les conditions du tournage ne sont pas tout à fait celles auxquelles il s’attendait…

 

Mais le charme de Gloria (Déborah François), sa partenaire et la bienveillance du maître vont faire naître en lui des sentiments jusqu’alors inconnus.  

 

Cédric Rovere, conquis par la jeunesse et la fantaisie d’Henri, vivra ce tournage comme un cadeau inattendu.

 

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Déborah François et Michael Lonsdale

 

Le projet ne semblait pas avoir de sens sans Jocelyn. C’est lui qui voulait le réaliser et en être l’interprète principal. Il était juste question que je joue dedans, ce qui m’aurait amusée. Très affectée, je m’acharne tout de même à finaliser la première version, l’arranger un peu. Je suis la marraine de Charlie, le fils qu’il a eu avec Alice Taglioni : quand Charlie saura lire, il découvrira que son père était en train d’écrire un scénario quand il est mort. Je le donne à Alice. Quelques mois plus tard, coup de fil d’Eric et Nicolas Altmayer : ils ont lu le script et pensent qu’au-delà de l’affect il y a un film à faire…

 

 

 

Ils me convainquent, j’ai même une envie furieuse de faire ce film. Parce que la mort de Jocelyn m’a bouleversée, bien sûr : c’est très étrange de perdre ainsi non seulement un ami, mais aussi son acteur. Elle a marqué un tournant dans mon propre parcours. Je me lance dans une réécriture. Il faut que je m’approprie cette histoire. J’ai toujours fait des films à la première personne masquée. Jocelyn lui-même avait avancé masqué en baptisant son personnage Henri. Moi ce sera "surmasqué". Ce sera aussi un film sur ce que je sais par Jocelyn, puisque moi je n’ai pas vécu le tournage avec Eric Rohmer. Ce qui me donne sans doute de la distance et me laisse de l’espace pour ajouter de la fiction.

 

Maestro---Michael-Lonsdale--Deborah-Francois---Alice-Bela.gif

 

C’est à dire que vous êtes où, Vous, précisément dans ce film ?


Un peu partout. Dans le personnage de Cédric Rovère, parce que je rêve de cette vie là, d’une vie qui a le luxe de la culture, d’une vie immergée dans une oeuvre, une époque. Il y a là mon regret inconsolable du théâtre public : j’ai eu un parcours culturel chaotique, j’ai fait du théâtre très jeune, j’ai toujours été au coeur du débat culture élitiste/culture pour tous. J’étais dans des groupes où l’on montait des classiques et en même temps je faisais du café-théâtre avec des copains. Et je me faisais insulter par les uns comme par les autres d’aimer autant jouer du Corneille que Le Père Noël est une ordure… Je suis aussi beaucoup dans Gloria, la jeune première : elle vit quelque chose d’étrange, elle assiste à une merveilleuse histoire de transmission père-fils, dont elle est forcément exclue puisqu’elle est une fille.

 

Comment avez-vous choisi les comédiens de Maestro ?


Au moment d’incarner Cédric Rovère surgit une question : est-ce qu’on prend quelqu’un de rohmérien ? Je défends assez vivement l’idée contraire. Surtout ne pas demander une imitation à un comédien grimé... Michael Lonsdale est aux antipodes d’Eric Rohmer, ils n’ont jamais travaillé ensemble, je ne sais même pas s’ils se sont appréciés. Ensemble, on a travaillé autre chose : l’idée d’un maître habité par son projet, un maître fantasque, capable de vivre jusqu’au bout chaque minute. Il paraît généreux parce que Michael Lonsdale y met son aura particulière, son aura de bonté, mais Rovère est aussi un peu indifférent. Ce n’est pas un maître d’Epinal. S’il se passionne pour Henri c’est pour ce que Henri peut lui apporter. Et c’est déjà énorme, penser qu’un jeune peut nous apporter quelque chose, plutôt que penser qu’il doit vivre loin de nous. Je dois dire que je comptais sur l’extrême singularité de Michael Lonsdale, son phrasé si particulier. Mais quand j’ai vu les rushes, j’ai été bouleversée.

 

Et pour jouer Henri ?


Maestro---Michael-Lonsdale-et-Pio-Marmai.gifDès qu’il décide de baptiser le personnage principal "Henri" ce n’est plus Jocelyn. D’ailleurs quand je rencontre Pio qui a lu le scénario il me dit : "Henri, c’est moi. C’est vraiment moi, tu ne peux pas savoir : j’ai joué des textes littéraires, alors que je suis un simple d’esprit.". Évidemment, le fait qu’il le dise prouve le contraire. Comme pour Rovère, ça se fait sur une essence du personnage, pas une ressemblance. Pio possède un atout capital pour le rôle : c’est un acteur de l’instant. Au cœur d’un film où l’on répète qu’il faut vivre les choses, les ressentir profondément, sa capacité à investir le moment, à être entièrement là, ici et maintenant, a servi le personnage.


Déborah François possède, je trouve, un physique rohmérien : en plus de son talent, elle a une façon d’être belle qui est originale. Alice Belaïdi possède un tempérament de comédie exceptionnel. Il y a toujours dans mes films quelqu’un qui n’est pas exactement de la bonne origine. Normalement, Astrée est blonde aux yeux bleus. Mais je ne supporte pas de voir des acteurs non "caucasiens" d’origine être cantonnés à des rôles socio-culturels définis. Une princesse de Marivaux peut être noire.


Autour d’eux il y a mes amis du théâtre public, ma famille : Micha Lescot, Marie-Armelle Deguy, Dominique Reymond, Scali Delpeyrat. Ils me font l’amitié de venir, et avec le petit budget que l’on a, le temps qui nous est imparti, leur métier, leur fluidité de jeu nous font du bien.

 

Et puis sur le plateau, il y a aussi des proches de Jocelyn : le chef opérateur Lucas Leconte, le comédien Nicolas Bridet, qui joue l’ami d’Henri.

 

Maestro - Pio Marmaï et Déborah François

 

Mon opinion

 

Léa Fazer était déjà coscénariste, et le regretté Jocelyn Quivrin devait réaliser ce film, relatant sa rencontre avec Eric Rohmer lors du dernier long-métrage du réalisateur, "Les Amours d'Astrée et de Céladon".

 

La réalisatrice reprend le projet et signe un joli film, léger, inhabituel et sensible. Elle confie : "Moi ce sera "surmasqué". Ce sera aussi un film sur ce que je sais par Jocelyn, puisque moi je n’ai pas vécu le tournage avec Eric Rohmer. Ce qui me donne sans doute de la distance et me laisse de l’espace pour ajouter de la fiction."

 

La première liberté le choix de Michael Lonsdale avec son physique aux antipodes de celui d’Eric Rohmer. Un immense acteur qui connaît parfaitement les coulisses d'un cinéma loin des blockbusters aux budgets démesurés. Une autre grande réussite le choix de Pio Marmaï qui confirme son talent, déjà maintes fois remarqué. Le duo formé par ces deux acteurs est à la fois cocasse, sensible, émouvant et enthousiasmant. Dommage que le scénario n'approfondisse pas davantage cette rencontre, d'une part, et s'encombre d'une histoire d'amour qui n'apporte pas grand chose, d'autre part.

 

La pétillante et ravissante Alice Belaïdi, mais aussi Déborah François qui retrouve Pio Marmaï six ans après "Le premier jour du reste de ta vie" et l'excellent Nicolas Bridet font partie d'un casting impeccable. Il serait injuste d'oublier la toujours excellente Dominique Reymond dans le rôle d'une assistante de réalisation et Scali Delpeyrat qui ne manque pas de drôlerie.

 

Un vent de fraîcheur pour ce double hommage.

 

Sans être un film impérissable, Maestro, n'en reste pas moins un très agréable moment de cinéma. Un film qui rend heureux.

 

 

 

Sources :

http://www.unifrance.org

http://www.imdb.com

18 juillet 2014 5 18 /07 /juillet /2014 16:30

 

Date de sortie  16 juillet 2014

 

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Réalisé par  André Téchiné


Avec Catherine Deneuve, Adèle Haenel, Guillaume Canet,

Jean Corso, Judith Chemla

 
Genre  Drame


Production Française

 


L’Homme qu’on aimait trop est votre septième film avec Catherine Deneuve. En quoi ce rôle-ci est-il particulier ?


"C’est la première fois dans un de mes films que je la place à ce point sous le signe de la mascarade et de la sophistication. Nous nous en sommes donné à coeur joie sur les toilettes spectaculaires toujours différentes (never twice). Mme Le Roux, qui est un ancien mannequin de chez Balenciaga, était en effet en représentation permanente au Palais de la Méditerranée avant que sous l’influence d’Agnelet elle en prenne la direction. Ce déguisement est un rite social. Renée est un monstre sacré qui surveille son royaume. Mais en même temps Renée Le Roux est certainement le personnage le plus solide de tous ceux que Catherine Deneuve a joué dans un de mes films. Ce personnage à la fois dominateur et acharné, impitoyable, est aux antipodes de l’instabilité qui était notre registre de prédilection (capter l’insaisissable). Le seul précédent auquel j’ai pensé, parmi tous ses rôles ailleurs, est celui de Tristana dans la dernière partie du film de Buñuel, lorsqu’elle devient une femme âgée d’une terrible dureté. Dans L’Homme qu’on aimait trop, elle va jusqu’au bout. Elle est d’une détermination aveugle : elle réclame la tête d’Agnelet. Malgré le poids de l’âge, elle est invincible comme un roc." répond André Téchiné.

 

L-Homme-qu-on-aimait-trop---Catherine-Deneuve.gif


Catherine Deneuve

 

Synopsis

 

1976.

 

Après l’échec de son mariage, Agnès Le Roux (Adèle Haenel) rentre d’Afrique et retrouve sa mère, Renée (Catherine Deneuve), propriétaire du casino Le Palais de la Méditerranée à Nice. La jeune femme tombe amoureuse de l’homme de confiance de Renée, Maurice Agnelet (Guillaume Canet), un avocat de dix ans son aîné.

 

Maurice a d’autres liaisons.

 

Agnès l’aime à la folie. Actionnaire du Palais de la Méditerranée, Agnès veut vendre sa part de l’héritage familial pour voler de ses propres ailes.

 

L-Homme-qu-on-aimait-trop---Adele-Haenel-et-Guillaume-Cane.gif

 

Adèle Haenel et Guillaume Canet

 

Une partie truquée siphonne les caisses de la salle de jeux. On menace Renée. Derrière ces manœuvres guerrières plane l’ombre de la mafia et de Fratoni (Jean Corso) le patron du casino concurrent qui veut prendre le contrôle du Palais de la Méditerranée.

 

Tombé en disgrâce auprès de Renée, Maurice met en relation Agnès avec Fratoni qui lui offre trois millions de francs pour qu’elle vote contre sa mère. Agnès accepte le marché. Renée perd le contrôle du casino.

 

Agnès supporte mal sa propre trahison. Maurice s’éloigne.

 

Après une tentative de suicide, la jeune femme disparaît à la Toussaint 1977.

 

On ne retrouvera jamais son corps. Trente ans après, Maurice Agnelet demeure l’éternel suspect de ce crime sans preuve ni cadavre. Convaincue de sa culpabilité, Renée se bat pour qu’il soit condamné…

 

L'Homme qu'on aimait trop - Catherine Deneuve et Guillaume


Catherine Deneuve et Guillaume Canet


 

Extraits d'Entretien avec André Téchiné.
relevés sur http://medias.unifrance.org

 

 

À l’origine du film se trouve une commande. Que vous a-t-on proposé ?


À l’origine, il s’agissait d’une libre adaptation des mémoires de Renée Le Roux, écrites par son fils Jean-Charles, Une Femme face à la Mafia paru chez Albin Michel, avec dès le début l’idée que Catherine Deneuve interprèterait le rôle. Le livre raconte, du point de vue d’une de ses protagonistes, la "guerre des casinos" sur la Côte d’Azur dans les années 70-80 et la prise de contrôle du casino qui appartenait à Madame Le Roux, le Palais de la Méditerranée, par Jean-Dominique Fratoni, avec le soutien de Jacques Médecin alors maire de Nice.


L-Homme-qu-on-aimait-trop---Catherine-Deneuve-copie-1.gifQu’est-ce qui vous a particulièrement intéressé ?


Je me suis concentré sur Renée Le Roux, sa fille Agnès et Maurice Agnelet. La mère femme à poigne, l’insoumission de la fille, le désir de reconnaissance sociale d’Agnelet. C’est peut-être plus que tout Agnès qui m’a intéressé. J’ai voulu faire son portrait. J’ai donné mon accord définitif après avoir lu les lettres qu’elle écrivait à Agnelet, parce que contre toute attente j’y ai retrouvé des échos troublants avec un personnage que j’ai longtemps rêvé de porter à l’écran, Julie de Lespinasse. Il y a des ressemblances étonnantes entre la correspondance amoureuse, passionnée, de la femme de lettres du 18ème siècle et ce qu’écrit l’héritière du Palais de la Méditerranée. Exemple : "Je vous aime comme il faut aimer, avec excès, avec folie, transport et désespoir."

 


Vous avez donc déplacé le récit de la guerre des casinos vers l’histoire d’un affrontement à la fois psychologique et mythologique.


C’est un film de guerre. Mais il reste à hauteur humaine. Je ne voulais pas du tout éliminer les aspects matériels qui actionnent les ressorts de l’intrigue. Je voulais montrer le processus de prise de pouvoir, les méthodes utilisées pour couler un casino, le fonctionnement de l’entreprise dans ce contexte particulier avec sa part de brutalité et de servilité. Il fallait accompagner sans ellipse toutes les étapes factuelles, jusqu’à la chute, jusqu’à la défaite. Cet aspect guerrier, puisé dans la réalité, structure le récit.

 
Comment avez-vous écrit le scénario ?


Je l’ai écrit dans un premier temps avec Jean-Charles Le Roux qui possédait tous les éléments du dossier. Nous avons établi un séquencier, une chronologie des faits, une structure. Jean-Charles Le Roux est engagé aux côtés de sa mère dans son combat pour faire
condamner Agnelet, il est persuadé qu’il a tué Agnès, j’ai donc été très clair avec lui dès le début : je ne ferai pas un film à charge contre Agnelet. C’est forcément resté au cours du travail un point sensible. Ensuite j’ai travaillé avec le cinéaste Cédric Anger sur une deuxième version plus ancrée dans la chair des scènes.


L'Homme qu'on aimait trop - Adèle Haenel.Avez-vous été amené à modifier les faits pour renforcer la puissance dramatique du film ?


Nous avons épuré l’intrigue, notamment en supprimant les personnages du frère et des soeurs d’Agnès ainsi que les deux frères du fils Agnelet (pas assez d’espace pour les traiter) afin de renforcer le caractère central du triangle principal. Pour le déroulement des faits, nous nous sommes autorisé une seule modification dans la chronologie : la fermeture du casino et son occupation par le personnel ont lieu plus tard dans la réalité. Dramatiquement, il me semblait important de raconter la "chute" du Palais de la Méditerranée dans la même temporalité que la disparition d’Agnès.

 

Vous deviez également décider jusqu’où raconter l’histoire, au-delà de la disparition d’Agnès Le Roux en novembre 1977.


Pendant longtemps, mon idée était de ne pas montrer les procès. J’ai un mauvais souvenirs d’enfance lié aux films dans les tribunaux, la première fois que je me suis ennuyé au cinéma c’était en regardant Justice est faite de Cayatte – mais il y a de très bons films de procès aussi, surtout américains… En tout cas, il était impossible de faire abstraction de cette dimension judiciaire. Le comportement de Renée Le Roux acharnée à faire condamner Maurice Agnelet est une donnée essentielle. Pour elle c’est sacré. Et puis la justice et ses décisions contradictoires constituent le dénouement officiel de l’affaire.


La justice, c’est-à-dire aussi le fait de décider une fois pour toutes ce qui est vrai et ce qui est faux.


Oui, alors que dans ce cas en particulier, on ne sait pas. Il n’y a pas de corps, pas de scènes du crime, pas d’élément incontestable. Beaucoup des preuves qui ont été utilisées dans les plaidoiries sont sujettes à caution, sinon réversibles. Par exemple les avocats ont dit que le fait qu’Agnelet n’ait pas laissé de message sur le répondeur d’Agnès pour s’inquiéter de son sort après sa disparition prouve sa culpabilité. Mais on peut facilement retourner l’argument : un assassin se serait peut-être empressé de laisser des messages pour se couvrir… Il y a beaucoup de choses fragiles comme ça…


Vous n’avez pas envisagé de changer les noms,

de déplacer l’histoire du côté de la fiction ?

 
L-Homme-qu-on-aimait-trop---Catherine-Deneuve-et-G-copie-2.gif

 

Non, il était important de garder l’inscription réelle. C’est une manière de dire que la tragédie, cela advient dans le monde tel qu’il est. Et d’ailleurs Guillaume Canet a été en contact avec Agnelet, qui lui a raconté des dialogues qu’il avait eus avec Agnès, après la vente des actions, lorsque les journaux accusent la jeune femme d’avoir trahi sa mère et qu’elle est désespérée. Ce sont des mots que je n’aurais jamais pu inventer, mais que du coup j’ai mis dans la bouche du personnage. Il aurait été absurde de changer le nom, de ne pas ancrer ce récit incroyable dans ce qui est sa véritable trame.

 

 

 

Votre film La Fille du RER était lui aussi né d’un fait divers célèbre. Y a-t-il des similitudes entre les deux processus de création ?


Le point commun tient à l’utilisation d’événements extrêmes, qui se sont produits dans la réalité. Le baroque dans la vie. Mais ensuite les histoires et les thèmes sont différents. La Fille du RER portait surtout sur le mensonge comme refuge d’une détresse, L’Homme qu’on aimait trop concerne les rapports de domination dans un trio…

 

Filmographie de Catherine Deneuve, Cliquez ICI.


Vous avez mis de côté la dimension plus directement politique de Une femme face à la Mafia, avec notamment Jacques Médecin en figure centrale.


Tout est mentionné dans le film, je n’ai rien esquivé y compris sur ce terrain, mais le coeur du film c’est la disparition d’Agnès Le Roux. Nous n’avons aucune preuve à ce jour que cette disparition soit liée à la Mafia. Et c’est sûr qu’il y a de la politique dans le film, mais pas à un niveau de politique politicienne locale. C’est la classe sociale que je montre dans sa violence, dans sa logique de guerre, de calcul et de prédation qui devient l’approche politique de cette affaire de parts d’héritage. Le film montre la manière dont les individus pris dans cet espace en sont tous affectés.

 

L-Homme-qu-on-aimait-trop---Guillaume-Canet-et-Adele-Haene.gif

 

 Guillaume Canet et Adèle Haenel


L’argent, et l’appétit de pouvoir sont clairement au centre de l’affaire, mais il y a quelque chose de plus, du côté de l’inconscient, de la pulsion, par exemple lorsqu’Agnès se lance dans une danse africaine qui devient une sorte de transe.


Ce moment met en évidence son insoumission. Son corps s’exprime ici plus librement que dans le carcan rigide de la danse classique liée à son éducation. C’est une affirmation d’autonomie et une évasion, un point de fuite. Ça dégage.

 

Comment avez-vous conçu l’univers visuel du film ?


Pour les scènes dans le casino, je voulais un univers très européen, un anti-Las Vegas. Le contraire du décor – admirablement filmé – du Casino de Scorsese. Avec Olivier Radot on a pensé à Klimt, à la femme joyau, à l’orientalisme. Pour les tenues de Catherine Deneuve avec Pascaline Chavanne on s’est inspirés de La Baie des Anges de Demy et de Shanghai Gesture de Sternberg. De même que les décors et les costumes sont des artifices, la lumière joue ici comme un masque.

 

L'Homme qu'on aimait trop - Tournage Catherine Deneuve

 

Ce pourrait être la lumière d’une comédie sophistiquée sur la Côte d’Azur. L’esthétique luxueuse cache la violence de ce monde. C’est un cache-misère. Derrière ce masque c’est la tragédie. Je voulais aller à contre-courant du sentiment d’asphyxie d’une histoire aussi noire. Je voulais faire, malgré la fatalité de cette histoire vraie, un film lumineux, un film diurne où il n’y a pratiquement pas de scènes de nuit. Je voulais accentuer l’éclat des couleurs et la mobilité des cadrages. J’ai envisagé des ouvertures vers la mer et des envols dans les montagnes.


Une grande part de la complexité et de la séduction du film repose sur le personnage d’Agnès Le Roux. Comment avez-vous choisi son interprète ?


J’avais remarqué depuis longtemps Adèle Haenel, je savais qu’elle était une jeune actrice belle et puissante. Je l’avais vue jouer des filles de milieu populaire et ça me plaisait de lui proposer le rôle d’une riche héritière fille de Catherine Deneuve. Elle a une élégance folle. Et elle sait rester rude. Elle a le physique athlétique d’Agnès Le Roux avec un mélande de vitalité et de folie, un instinct du présent : c’est cash, c’est cru, un bloc d’enfance. Agnès Le Roux c’est le contraire d’une victime désignée : elle est active, sportive, elle veut travailler et ouvre une boutique. Ce n’est pas une petite chose fragile et on ne peut pas l’enfermer dans l’image d’une enfant gâtée. Et elle a quelque chose de très solaire, qui ressort encore mieux me semble-t-il avec ses cheveux teints en brun.

 

Et Guillaume Canet ?


D’abord j’avais envie de travailler avec lui depuis très longtemps. Pour Agnelet, il fallait un acteur sexy, avec un côté "gendre idéal". Il fallait traverser cette apparence et aller voir ce qui se passait derrière ce masque. L-Homme-qu-on-aimait-trop---Guillaume-Canet.gifJ’avais surtout vu Guillaume Canet dans des personnages positifs, mais je savais qu’il pouvait troubler, faire naître une opacité inquiétante, un peu à la Cary Grant dans Soupçons (qu’est-ce qu’il a dans la tête celui-là ?), c’est ce qui m’a intéressé pour le personnage d’Agnelet, un homme qui se protège de ses propres émotions, et qui a ce côté fermé, tout en étant charmant, et charmeur. Guillaume a réussi à faire coexister ces facettes. Il n’a pas eu peur d’être servile avec Renée Le Roux et Fratoni. Il n’a pas eu peur de se montrer sadique et odieux avec Agnès. Il a assumé la lâcheté et la méchanceté du personnage. Il n’a jamais cherché l’apitoiement ou l’attendrissement. Agnelet est un metteur en scène : il fait jouer les gens, il manipule, il enregistre. Mais il lui arrive de se prendre les pieds dans les ficelles qu’il a tissées et de tomber dans le piège de ses propres mensonges. Il est son pire ennemi. C’est sa dimension tragique. Au dernier procès c’est son propre fils (son soutien) qui l’a accusé. Derrière son sourire de Don Juan on songe à Pascal : "Cette duplicité de l’homme est si visible, qu’il y en a qui ont pensé que nous avions deux âmes."

 

L-Homme-qu-on-aimait-trop---Catherine-Deneuve-copie-2.gif


 

Mon opinion

 

La mise en scène très classique s'adapte parfaitement à ce triste et célèbre fait divers criminel. André Téchiné précise : "Nous adaptions le scénario au fur et à mesure des confidences, d'Agnelet, un homme fascinant qui s’emmêle les pinceaux dans ses propres mensonges".

 

Les décors d'Olivier Radot, les costumes de Pascaline Chavanne, et la photographie de Julien Hirsch sont une grande réussite pour ce retour dans les années 75, au milieu de ces tons mordorés et ce luxe clinquant d'une époque révolue.

 

Depuis des années, la justice est intervenue sur ce dossier en apportant des décisions divergentes, d'où l'impossibilité pour le réalisateur, de chercher une quelconque vérité sur la finalité de cette affaire. Il s'appuie sur un autre angle. Celui de la guerre des casinos et la violence qui va avec.

 

Concernant Maurice Agnelet le film démontre le vide total, intérieur et culturel, de ce séducteur, arriviste, sans scrupules, perdu derrière les faux-semblants au milieu desquels il tente d'imposer une image différente de l'être vil qu'il est profondément. Comme démontré par le décor, à la fois pathétique et prétentieux, de son cabinet d'avocat, sans clients, avec une bibliothèque et des rangées de livres de La Pléiade accumulés et visiblement posés là pour tenter de faire croire que .... Tout est faux chez cet homme, il incarne parfaitement la lâcheté caractérisée. C'est lui qui est au cœur du film. Franc maçon, tout comme Fratoni "Mais pas dans la même loge" précisera-t-il, comme pour renier cet engagement quand cette appartenance ne peut plus lui être d'aucune utilité. Il n'hésitera pas malgré tout de s'acoquiner avec le mafieux pour arriver à ses fins.

 

Guillaume Canet endosse le costume de cet homme avec un certain talent tout en s'appuyant sur les confidences reçues par Maurice Agnelet, lui même. Un salaud, certes, mais le type de héros parfait pour le grand écran. À ses côtés, la toujours excellente Judith Chemla et la jeune et déjà remarquée Adèle Haenel dans le rôle d'Agnès le Roux. Plusieurs passages appuient sur la grande faiblesse de cette jeune femme et son cruel besoin d'amour. À tout prix ! Une scène devrait rester dans les annales. Celle dans laquelle elle se livre à une incroyable danse africaine pour mieux tenter de séduire celui qui finira par la perdre.

 

Une mère trahie, dépossédée, perdue, rageuse et déterminée à la fois, offre à Catherine Deneuve un rôle dans lequel, une fois encore, elle excelle. On retiendra le passage dans lequel elle fredonne sur le Pregherò d’Adriano Celentano. Ou plus encore, son allure de femme vieillie à tout jamais blessée et ruinée, et son regard poignant pendant la scène du procès.

 

Sources :

http://www.unifrance.org

http://www.imdb.com/

http://www.allocine.fr

 

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